Greta Gerwig sur le tournage de Barbie
Warner Bros.

"Je la trouvais très drôle, mais ce n'était pas le consensus", regrette la réalisatrice.

Les scènes coupées de Barbie se dévoilent petit à petit. Avant d'être visibles en bonus du film en DVD et blu-ray ? Greta Gerwig et son monteur Nick Houy détaillent comment ils ont collaboré sur ce blockbuster au sein du podcast Filmmaker Toolkit d'IndieWire. En plus de laisser filtrer quelques photos du mur de montage, dévoilant par exemple un caméo d'Helen Mirren (qui fait la voix off) lors d'une séquence d'accouchement de Midge (!), ils détaillent les difficultés rencontrées en voulant concevoir ce blockbuster s'adressant à un public le plus large possible tout en offrant différents niveaux de lectures. Il fallait que Barbie soit une comédie capable de faire passer des messages tout en y glissant des blagues et références à la pop culture ou en brisant le quatrième mur. Sans que le film ne soit trop long, ni trop étiré ni trop rapidement raconté...

Le voyage de Barbie Land au monde réel est principalement un effet "pratique" [vidéo]

Parmi les révélations faites sur le montage est ressortie une "blague de prouts" finalement coupée. Le duo avait précédemment fait équipe sur Lady Bird et Les Filles du Docteur March, et déjà, ils souhaitaient intégrer dans ces deux films ce genre de scène. Aucune n'a finalement été conservée. Pour Barbie, ils songeaient carrément à "un opéra de pets", révèlent-ils.

"Barbie est tellement plus une comédie que Lady Bird et Little Women, explique Houy. Donc on s'est dit : 'Montrons-le à des gens, et voyons leurs réactions.' Tout le monde est différent, alors chaque projection aussi. Au fil des ans, on a appris qu'il fallait donner sa chance aux scènes, puis agir en fonction. Si l'on comprend que l'une d'entre elles ne marche pas, c'est mort, il faut la supprimer." La réalisatrice poursuit : "On essaye toujours d'inclure une bonne blague de pets, mais cela n'a jamais abouti pour le moment. On avait cette sorte d'opéra de prouts au milieu de Barbie. Je trouvais ça très drôle, mais ce n'était pas le consensus." "La scène était mal placée, en plus, regrette Houy. La prochaine fois, il faudra l'inclure dans un passage qui a du sens."

Barbie
Warner Bros.

Au-delà de cette "blague de prouts", le monteur détaille les difficultés à trouver le bon rythme et à faire ressortir les qualités de chaque scène : "Parfois, on a une séquence parfaite, mais une fois qu'on a coupé une ou deux scènes qui l'entouraient ou qu'on en a changé l'ordre, elle ne fonctionne plus. Alors qu'elle était super à l'origine. On 'joue' tout le temps à cela."

"Trouver un rythme aussi soutenu que possible, puis autoriser le film à respirer, je trouve que c'est le plus important. C'est la clé, ajoute-t-il. Plusieurs fois, on s'est retrouvé devant des versions de notre film en se disant : 'Non, ça va trop vite. On survolte trop les choses.'"

 

"On adore tous les deux George Sanders, explique aussi Gerwig. On a beaucoup parlé de son livre de nouvelles russes, car pour moi, c'est l'un des ouvrages qui parle le mieux de la manière de réaliser des films, sans que ce soit pleinement l'objet du livre. Il y explique qu'on doit garder le lecteur à ses côtés, dans le sidecar. Quand on écrit et qu'on monte un film, c'est pareil. Il faut toujours se tourner vers le spectateur. Est-ce qu'il est toujours à mes côtés ou est-ce que je l'ai perdu en cours de route ?"

"Il y aura toujours des gens qui critiqueront ce genre de structure, ajoute Houy. S'adresser à cette personne en particulier plutôt qu'à la moitié de la salle, ça c'est un énorme challenge. Mais ça vaut le coup. On finit toujours par reparler des films de Charlie Kaufman (Dans la tête de John Malkovich, Eternal Sunshine of a Spotless Mind...) et par essayer de faire entendre notre propre voix."

Barbie : Greta Gerwig a refusé de couper cette scène "cul-de-sac"

Trouver la fin idéale de Barbie fut aussi un sacré défi, explique le duo. Quand la créatrice de la poupée lui révèle ce que ressentent les femmes, on voit des tranches de vie de différentes inconnues, de tous âges et cultures. "On avait tellement d'idées pour cette fin, reconnaît Houy. On a tourné plusieurs choses différentes. On avait un plan de base, puis on a essayé d'inclure des images d'archives, on a aussi testé avec nos propres photos et vidéos personnelles." 

L'équipe a également songé à inclure quelques instants une vidéo de la véritable Ruth Handler, décédée en 2002. "Finalement, une fois qu'on s'est mis d'accord sur le fait que ce montage devait parler des femmes de façon globale, ça s'est assemblé tout seul", conclut-il. Gerwig précise alors : "On n'avait pas besoin d'un écriteau disant : 'Ce montage est rempli des gens qui ont aidé à fabriquer ce film. C'est leur vie qu'ont voit ici.' Car je crois que d'une façon inconsciente, tout le monde comprend à ce moment-là que les films sont possibles parce qu'ils sont fabriqués par des personnes. On se dit tous en voyant la scène : 'Et voilà les gens qui ont créé ce film.'"