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Décortiquons ce grand classique Disney.

1994, Simba est le roi... du box-office. Avec 877 millions de dollars récoltés à l'époque, Le Roi Lion est rapidement devenu le plus gros succès animé de tous les temps. Un record qu'il conservera près de dix ans ! Le Monde de Nemo (Pixar) le double en 2003 avec 936 millions, puis les concurrents Shrek 2 (Dreamworks - 2004) et L'Âge de Glace 3 (Blue Sky - 2009) s'en mêlent. C'est finalement Disney qui battra son propre record en 2010 avec Toy Story 3 (premier film d'animation à passer le milliard dans le monde), qui sera dépassé par La Reine des Neiges trois ans plus tard. Entre temps, Le Roi Lion sera ressorti plusieurs fois au cinéma, notamment en relief en 2012. Il cumule aujourd'hui 987 millions de billets verts. Tous ces chiffres sont surtout parlants quand on constate qu'avant Le Roi Lion, le précédent record dans ce domaine était Aladdin, en 1992 et déjà produit par Disney, qui avait à peine passé les 500 millions de dollars sur la planète.


Loin des prouesses techniques de Jurassic Park l'été précédent, le cru 1994 est marqué par le carton phénoménal de Forrest Gump (677 millions au compteur, puis l'Oscar du meilleur film l'hiver suivant), et par le joli succès de True Lies (378 millions, mais on ne pouvait pas s'arrêter sur chaque succès de James Cameron, si ?). Les 3 plus gros succès de l'année sont tous sortis en moins d'un mois aux Etats-Unis, entre mi-juin et mi-juillet. En France, Le Roi Lion a été proposé un peu avant Noël et il a fini sa course largement en tête du box-office avec 10 millions d'entrées, devant Un Indien dans la ville (7,8 millions) et 4 Mariages et 1 enterrement (5,7). Mais fermons la parenthèse box-office et venons-en au film en lui-même. Car si on a choisi d'inclure Le Roi Lion dans notre dossier 40 ans de blockbusters, c'est évidemment parce qu'il a eu du succès, mais c'est surtout pour son contenu.

La vérité sur Le Roi Lion avec son honest trailer

Novembre 1994. Lors d'une projection au Grand Rex, une fillette de quatre ans et demi éclate en sanglots. Inconsolable, elle pleure à la mort de Mufasa. Elle vient de vivre son premier choc de cinéma, comme des millions d'enfants de son âge. Pour toute une génération, c'est avant tout ça Le Roi Lion. Un film pour enfants, oui, mais qui parle du deuil et du "cycle de la vie" aux plus jeunes sans détour. Comme Bambi dans les années 1940, le film de 1994 marque un tournant dans l'animation hollywoodienne, puisque c'est la première fois qu'un personnage aussi important (et gentil) meurt en gros plan. L'assassinat de la maman de Bambi était seulement suggéré aux spectateurs, alors qu'ici, le cadavre du père est clairement - et assez longuement - visible, lorsque son fils essaye de le ranimer. C'est aussi sa durée qui rend la scène aussi triste, et l'incompréhension du petit, qui croit (espère !) que son père est endormi.

En terme d'animation, Le Roi Lion est également exceptionnel. Il sort juste après des longs-métrages Disney déjà novateurs sur le plan technique, notamment La Belle et la Bête et sa fameuse valse animée en numérique. Ici, c'est la course folle des gnous qui a demandé des mois de préparation pour un résultat de moins de 2 minutes. Il fallait que ce soit la plus intense du film, puisqu'elle est au coeur du drame. D'autres séquences sont grandioses, comme l'évolution de Simba en musique, qui grandit tout en dansant avec Timon et Pumba, la fin "flamboyante" sur la falaise, et bien sûr l'introduction (en)chantée avec les animaux qui viennent saluer leur futur roi. Un petit bijou de mise en scène : le soleil se lève, puis la tête des créatures sauvages, les oiseaux s'envolent, les spectateurs suivent alors Zazu, on découvre la famille du héros et en quelques secondes "le mal est fait", on s'est déjà attaché au bébé Simba... 

Comme tous les Disney, Le Roi Lion a ses détracteurs. Trop de chansons ("Hakuna Matata ? C'est trop bête !"), trop de messages politiques (il a été critiqué pour son côté patriarcal et sexiste, mis en parallèle avec l'Apartheid ou des régimes dictatoriaux, entre autres), trop peu d'écologie, trop de mensonges sur le cycle de la vie ("Le roi salué par ses proies ? N'importe quoi !"). Trop inspiré du manga Le Roi Léo d'Osamu Tezuka, aussi. Il n'a pourtant eu aucun mal à être rapidement considéré comme un classique Disney, ses défauts s'étant transformés en qualités pour une grande partie du public. Sauf en ce qui concerne le pillage du Roi Léo, indéniable.

Côté musique, "L'histoire de la vie, "Je voudrais déjà être roi", "L'Amour brille sous les étoiles" et même "Hakuna Matata" sont devenus des tubes incontournables, et pas seulement dans les cours de récré. Aux Oscars 1995, ce sera d'ailleurs la seule chose à être récompensée : statuette de la meilleure chanson pour Elton John et de la meilleure bande originale pour Hans Zimmer.


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Le Roi Lion était aussi un pari scénaristique pour Disney. Une petite révolution même, puisque ce 32e film du studio aux grandes oreilles est le premier à ne pas mettre en scène d'humain. Il n'est pas non plus tiré d'un conte de fées, ce n'est pas une histoire de princesse, même si la romance entre Simba et Nala y tient une place importante. Des choix qui ont compliqué sa gestation. Des années 1980 jusqu'à sa sortie, de nombreux scénaristes (notamment Linda Woolverton, qui avait adapté La Belle et la Bête, Brenda Chapman, qui co-réalisera plus tard Rebelle, Joe Ranft, co-créateur de Toy Story...) se sont succédé pour recentrer le film sur la relation père-fils entre Simba et Mufasa, pour ajouter de l'humour après le choc de la mort du roi, pour éviter les moments de creux ou rendre Scar plus terrifiant et manipulateur (sur ce point, ce personnage est devenu une référence maléfique à la hauteur de Jafar ou de Cruella ; une analyse de sa cruauté mériterait un sujet entier...). Tout ce peaufinage a pris du temps. Ça valait le coup, car Le Roi Lion est unique dans l'histoire de Disney. Même si son succès monstre a inspiré des suites et spin-offs pas top (Aladdin, La Belle et la Bête et d'autres y ont eu droit aussi), le film original impressionne toujours 21 ans après. "Longue vie au roi !"

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Bande-annonce :


Elodie Bardinet (@Eb_prem)