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Cette année, Hollywood a de la suite dans les idées. 27 sequels tomberont sur nos écrans. Vous avez dit "retour vers le futur" ?Faites la liste, vous allez voir. C'est assez déprimant. Regardez les principaux films de 2011 : il s'agit souvent de remakes, suites, prequels ou déclinaisons de saga en tout genre. Ceci dit, il y en aura pour tous les gouts. Pour les mômes (Cars 2), pour la famille (Pirates des caraibes 4, Harry Potter 7 partie 2, Twilight 4) et même pour les plus audacieux (Destination Finale 5 ou Scream 4). Mais en tout, c'est bien 27 sequels américaines qu'on pourra voir au cinéma cette année. Vingt-sept. Un record, puisque selon les calculs du site Box Office Mojo, durant les dix dernières années, la somme de sequels a varié entre 23 (en 2003) et 10 (en 2001). Record explosé donc en 2011. Et comme si ça ne suffisait pas, 2011 battra également un deuxième record : celui du nombre de quatrièmes épisodes sortis dans l'année (Scream 4 et Pirates des Caraïbes 4 en tête). Et un troisième : celui des cinquièmes épisodes. Ouf ? En France on n'en est évidemment pas encore là, mais entre La Vérité si je mens 3, Largo Winch 2 (en salle cette semaine) et Asterix 4, la tendance semble arriver sur nos rivages...Que doit-on conclure de cette inflation ? Qu'Hollywood n'a plus d'idées ? Que l'usine à rêve est à court de carburant et se contente de refaire dans les mêmes vieux pots les mêmes mavaises soupes ? Ce serait injuste pour certains films qui s'annoncent particulièrement excitants. Et très cruel pour certains réalisateurs qui au sein d'une franchise essaient justement de renouveler l'approche esthétique ou narrative (on pense à David Yates et à son dépoussiérage des aventures du sorcier à lunettes; ou aux belles promesses de Matthew Vaughn sur la saga X-Men). Le plus probable, c'est que les producteurs sont devenus, avec la crise, un peu plus frileux. Faire une suite c'est être globalement assuré de faire sauter le tiroir caisse. Le meilleur moyen de gagner la rafle au billet vert (on aime le 1 on va voir le 2). Pourquoi s'embêter ? Pourquoi chercher une idée originale, un concept fort ou une bonne histoire, alors que les nouvelles aventures d'un sorcier à lunettes ou d'un pirates queer vont remplir les salles ? Certes, c'est un peu limité en terme artistique, mais c'est mathématique. Et on aurait tort d'oublier que Hollywood est d'abord une industrie. Du coup, le journaliste de Box Office Mojo regrettait sur la chaîne ABC que les producteurs "ne s'intéressent plus à l'histoire, le fondement du cinéma". C'est juste, mais pas totalement. Les spectateurs sont aussi responsables de cette surenchère de suites. Convenez-en : c'est quand même plus facile d'aller voir un film dont on connait (et aime) les personnages que de miser son billet de 10 euros sur des inconnus ! Et est-ce que l'histoire suffit encore à vous faire entrer dans une salle obscure ? Au hasard ? Reste qu'on devrait éviter les constats trop alarmants : plus de 40 films ont été achetés au dernier festival de Sundance, le temple du cinéma indépendant (comprendre du cinéma audacieux, innovant et challenging comme disent les américains). C'est la meilleure preuve que l'alternative existe encore aux blockbusters. Et surtout aux 27 suites qui nous attendent cette année... Honnêtement, irez-vous voir ces suites ? Ou en avez-vous vraiment assez ?