Date de sortie 8 novembre 2017
Durée 137 mn
Réalisé par Jean-Baptiste Thoret
Avec Michael Mann , Peter Bogdanovich , Tobe Hooper
Scénariste(s) Jean-Baptiste Thoret
Distributeur Lost Films
Année de production 2017
Pays de production France
Genre Film documentaire
Couleur Couleur

Synopsis

Ancien critique de cinéma, Jean-Baptiste Thoret parcourt les Etats-Unis, alors que le pays s'apprête à choisir son futur président, Hilary Clinton ou Donald Trump. Le réalisateur rencontre des américains qui exposent franchement leurs désillusiosn, leurs opinions politiques, souvent tranchées. Il se rend également à la rencontre de certains cinéastes emblématiques du nouvel Hollywood et leur demande comment le pays a changé depuis les années 1970. Michael Mann, Tobe Hooper, Jeff Lieberman, Paul Schrader ou encore Jerry Schatzberg donnent leur point de vue sur un pays qui a subi de profondes transformations...

Toutes les séances de We Blew It

Critiques de We Blew It

  1. Première
    par Frédéric Foubert

    We blew it”, c’est le Rosebud des sixties. Une réplique culte en forme d’énigme irrésolue. La phrase prononcée par Peter Fonda à la toute fin d’Easy Rider, qui aura servi d’épitaphe aux utopies des baby-boomers. En bon français : “On a tout foiré” – OK, mais quoi exactement ? Le critique et historien du cinéma Jean-Baptiste Thoret a passé une bonne partie de sa vie à essayer de répondre à la question, dans les nombreux livres, articles et conférences qu’il a consacrés au Nouvel Hollywood. Mais s’il est un prolongement de ces réflexions, son film We Blew It n’est pas pour autant un documentaire sur le cinéma. Non, c’est autre chose. Une longue déambulation dans l’Amérique de Trump et Clinton (le film a été tourné pendant la dernière campagne présidentielle) où le cinéma est présent, certes, mais seulement en filigrane. Thoret interroge quelques cinéastes clés des années 60-70 (Bob Rafelson, Paul Schrader, Jerry Schatzberg, Michael Mann – lui n’explosera que dans les eighties, pourtant tout son background intellectuel date de cette période-là) mais aussi plein d’anonymes, croisés au hasard de ses balades. Des supporters de Trump, des fans de Bernie Sanders, des pompistes, des bikers, des bons gars qui vivent nuit et jour un flingue accroché à la ceinture… Thoret identifie les sixties (en gros, la période qui va de l’assassinat de JFK au Watergate) comme le point nodal de la crise de l’identité américaine, le début de ce qu’on nomme les culture wars, le moment où deux Amériques commencent à emprunter des chemins divergents, pour se regarder depuis en chiens de faïence. Ce n’est pas tant le legs cinématographique des années 60-70 que Thoret interroge ici, que la lente extinction d’un rêve né à cette époque, et dont les films s’étaient fait l’écho. 

    Le road-movie ayant été la forme dominante du Nouvel Hollywood, We Blew It est lui aussi, logiquement, un film on the road. Pas seulement un carnet de voyage, une collection de cartes postales, mais un véritable hymne à l’espace US. Thoret et son chef opérateur Denis Gaubert ont écumé la route 66 et le pays profond pour en rapporter des images sublimes, majestueuses, qui, encore plus que les commentaires culturels, politiques ou sociologiques, sont la véritable épine dorsale du doc. On sent d’ailleurs les auteurs parfois enivrés par la beauté de ce qu’ils ont capturé, au point que We Blew It donne dans un premier temps l’impression de musarder, de se complaire dans la contemplation, de se chercher un sujet au fil de la route, un peu comme dans un vieux Wenders des familles. Mais la durée (2h17, tout de même) joue pour le film. C’est elle qui lui donne son épaisseur élégiaque, son mood mélancolique. We Blew It est une fresque impressionniste qui a l’intelligence de ne pas avancer avec trop de certitudes politiques, et de laisser la parole à tout le monde, sans idée préconçue. Parfois un peu trop lâche dans sa structure, un peu trop décousue, peut-être. Mais un documentaire où Michael Mann explique que l’invention des chemises avec col pelle à tarte symbolise le triomphe de l’individualisme dans la culture américaine mérite forcément le détour. 

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