Patrice Chéreau est un réalisateur, producteur, scénariste, metteur en scène et acteur français. Connu pour ses nombreuses mises en scène au théâtre et réalisations au cinéma, il est célèbre pour L'homme blessé, La Reine Margot, Ceux qui m'aiment prendront le train...
Dès son plus jeune âge, ses parents peintres le poussent à s’intéresser à la culture et aux arts. Lors de ses études au Lycée Louis-le-Grand, Patrice Chéreau se produit avec la troupe de théâtre de son école. Plus tard, il commence à se passionner par la mise en scène et la création des costumes. En 1964, il crée son premier spectacle L'Intervention de Hugo. Il étudie ensuite l’allemand et les lettres classiques avant de décider de poursuivre une carrière sur scène. Ainsi, il monte les pièces L'Héritier de Village de Marivaux en 1965 et L'Affaire de La Rue de Lourcine de Labiche en 1966.Patrice Chéreau prend par la suite les rennes du Théâtre de Sartrouville, et pratique un théâtre politiquement engagé entre 1966 et 1969. Suite à la faillite de ce dernier, il rejoint le Piccolo Teatro de Milan avec le célèbre metteur en scène italien Giorgio Strehler. Il poursuit conjointement ses activités en France, interprétant Richard II de William Shakespeare, dont il est également metteur en scène, à Marseille. Entre 1971 et 1977, il devient directeur du Théâtre National Populaire de Villeurbanne avec Roger Planchon.
Du théâtre au cinéma
En 1975, Patrice Chéreau fait son entrée dans le monde du septième art en écrivant et en réalisant La Chair de l'Orchidée, adaptation d'un roman de James Hadley Chase. Il dirige dans ce thriller les acteurs Charlotte Rampling, Bruno Cremer, Edwige Feuillère et Simone Signoret. Trois années plus tard, il accorde le personnage principal à Simone Signoret dans le drame Judith Therpauve. En 1983, il coécrit, avec Hervé Guibert, L'Homme Blessé, qui vaut au duo le César du Meilleur Scénario Original et Dialogue. L’affiche de ce film réunit Claude Berri et Jean-Hugues Anglade, celui-ci y incarnant un homosexuel troublé.En parallèle avec le cinéma, Patrice Chéreau devient connu sur le plan international grâce à son travail sur L'Anneau du Nibelung, qui consiste en un cycle de quatre opéras de Wagner. Le metteur en scène français présente alors le Ring du Centenaire de 1976 à 1980 au Festival de Bayreuth. En 1979, il monte la pièce Lulu d'Alban Berg.
Formateur de nouveaux talents
Trois années plus tard, Patrice Chéreau devient directeur du Théâtre des Amandiers de Nanterre, poste qu’il occupera jusqu’en 1990. Pendant cette période, il forme une nouvelle génération de comédiens français, parmi lesquels Valéria Bruni-Tedeschi, Vincent Perez, Agnès Jaoui ou Pascal Greggory (qui fut son compagnon). Il y crée Combat de Nègre et de Chiens de Bernard-Marie Koltès et Les Paravents de Jean Genet.Entre-temps, il renoue avec le cinéma en prêtant ses traits à Camille Desmoulins aux côtés de Gérard Depardieu dans Danton (1983), sous la direction d'Andrzej Wajda. Deux années plus tard, il immortalise Napoléon Bonaparte dans Adieu Bonaparte de Youssef Chahine, avec les acteurs Michel Piccoli et Mohsen Mohieddin.En 1987, Patrice Chéreau porte Platonov d'Anton Tchekhov à l’écran, et signe ainsi Hôtel de France. Il met en scène, l’année qui suit, la pièce Hamlet de Shakespeare qui lui vaut un Molière en 1989. En 1991, il monte Le Temps et La Chambre de Botho Strauss au théâtre de l'Odéon.
Un réalisateur devenu culte
Depuis le début des années quatre-vingt-dix, Patrice Chéreau décide de se concentrer surtout sur l’opéra et le septième art. Il crée alors Wozzeck de Berg en 1993 et Don Giovanni de Mozart en 1994. Il réalise également pour le cinéma le chef-d’œuvre La Reine Margot, tiré d'un roman d'Alexandre Dumas et avec Isabelle Adjani dans le rôle principal. Le film rafle deux récompenses lors du Festival du Film de Cannes (Meilleure Actrice pour Virna Lisi et Prix du Jury) en 1994 et cinq consécrations aux Césars (Meilleure Actrice pour Isabelle Adjani, Meilleure Photographie, Meilleurs Costumes, Meilleur Second Rôle masculin et Meilleur Second rôle féminin) en 1995. Il est également cité aux Oscars, dans la catégorie Meilleurs Costumes.Son drame romantique Ceux qui m'aiment prendront le train (1998) apporte lui aussi son lot de prix : Césars de la Meilleure Photographie, du Meilleur Réalisateur et du Meilleur Second Rôle féminin, et Étoiles d'Or du Premier Rôle masculin et de la Mise en Scène. Son film suivant, Intimité, d'après des textes d’Hanif Kureishi, lui vaut quant à lui le Prix Ange Bleu et un Ours d’Or à Berlin, ainsi que les Prix Lumière, Louis Delluc et FIPRESCI (Rio de Janeiro).
Chéreau Président de la Fémis
En 2001, Patrice Chéreau retrouve les planches et dirige la pièce Phèdre de Racine au Théâtre de l'Odéon. Il enregistre un autre triomphe grâce à cette œuvre, dans laquelle les personnages principaux sont interprétés par Dominique Blanc et Pascal Greggory. En 2003, il adapte le roman de Philippe Besson en un film intitulé Son Frère, narrant l’histoire de deux frères qui, en raison de la grave maladie contractée par l’un d’eux, réapprennent à se connaître après des années de séparation. Ce sont Bruno Todeschini et Éric Caravaca qui campent ces derniers. Deux années plus tard, Pascal Greggory et Isabelle Huppert forment un couple de bourgeois dépourvus de sentiments dans le drame franco-italo-allemand Gabrielle, inspiré d’un roman de Joseph Conrad. Outre la mise en scène et l’écriture de cet opus, Patrice Chéreau en assure également la production.Trois ans plus tard, l’homme de théâtre et cinéaste est nommé président de la Fémis par le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres. L’année qui suit, il présente Tristan et Isolde de Richard Wagner à la Scala de Milan. En 2009, il dirige Romain Duris, Charlotte Gainsbourg et Jean-Hugues Anglade dans le long-métrage Persécution, dont il partage le scénario avec Anne-Louise Trividic.
Un artiste engagé
Actif et prolifique sur scène et à l’écran, Patrice Chéreau est aussi très impliqué politiquement. Socialiste convaincu, il soutient en effet François Mitterrand en 1981 et 1988, puis Lionel Jospin en 1995 et 2002. Lors de la présidentielle de 2007, il incite, avec plusieurs de ses amis, à voter pour Ségolène Royal. En 2012, il expose son point de vue favorable au mariage gay en signant et co-écrivant une tribune dans Le Monde. Il y affirme son engagement contre l'homophobie.Patrice Chéreau décède le 7 octobre 2013 à l'âge de 68 ans des suites d'un cancer du poumon.