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Une dramédie sordide, perturbante, mais qui devient rapidement attachante.

"Je m'appelle James. J'ai 17 ans, et je suis à peu près sûr d'être un psychopathe". Dès sa toute première réplique, en voix off, The End of the Fucking World marque son territoire. Vous êtes ici en pleine comédie dramatique, sombre, noire, sordide même. Et s'il faut un peu de temps pour s'acclimater à son ambiance franchement dérangeante, la série finit inexorablement par nous conquérir. Attention spoilers !

Basée sur les bandes dessinées de Charles Forsman, The End of the Fucking World suit James et Alyssa, deux ados anglais, mal dans leur vie, qui se lancent dans un road trip romantico-macabre. Entre eux, les sentiments vont grandir, en même temps qu'ils vont se découvrir. Et ce, même si James, jeune assassin en puissance, a bien l'intention de tuer sa nouvelle petite-amie, pour assouvir ses pulsions meurtrières...


Disponible depuis le 5 janvier dernier sur Netflix, partout dans le monde, cette dramédie anglaise est sortie en toute discrétion, en octobre dernier, sur la plateforme à la demande de Channel 4. Et grâce au géant américain, elle aura la visibilité qu'elle mérite. Car The End of the Fucking World est une belle série, qui vaut le détour.

D'abord, parce qu'il ne s'agit que d'un tout petit détour : en effet, le show s'étale sur 8 épisodes de 20 minutes. En clair - en attendant la saison 2, pas encore commandée - The End of the Fucking World se binge en une soirée et se regarde comme un film de 2h40. Un film indé, qu'on aurait tout aussi bien pu retrouver à Sundance. Un drame sur le passage à l'âge adulte, un road trip adolescent totalement barré, avec sa touche WTF en plus. Une touche très sombre, teintée d'humour noir, tantôt neurasthénique, tantôt libératrice.

ILS FONT FROID DANS LE DOS

Disons-le tout de suite, les deux premiers épisodes font froid dans le dos. Impossible de s'identifier aux personnages, tant leur excessivité confère à l'effroyable. D'un côté, on a un jeune garçon de 17 ans, qui ne ressent rien, ne veut surtout rien ressentir, prend son pied à massacrer des animaux, et planifie dans sa tête un nouveau Colombine, dans son bahut. De l'autre, on a une rebelle sans limite, incroyablement perturbée et clairement suicidaire. Et bien sûr, tout ça est la faute des parents et plus généralement des adultes, qui abîment leurs enfants de toutes les façons imaginables. Du pédophile au violeur en série, en passant par l'infâme beau-père, rien n'est épargné. Alors au milieu de cette galerie de personnages lugubres, on reste sans voix. Mal à l'aise. Oui, The End of the Fucking World est une série dérangeante, comme on en rencontre rarement. D'autant que l'humour injecté ici et là est tellement noir, qu'il peine à arracher quelques sourires.

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Il faut ainsi passer les deux ou trois premiers épisodes, pour que l'impression de gêne se dissipe. Et là, on se laisse totalement emporter par les performances brutes d'Alex Lawther (vu dans Black Mirror) et Jessica Barden (Penny Dreadful). L'alchimie animale entre James et Alyssa se fait plus intense, évidente. Et on est immanquablement touché par l'exploration émouvante des souffrances de ces deux enfants, alors qu'ils entrent dans l'âge adulte. La très belle photographie - exaltée par une bande son vintage magnifique - ajoute une touche romantique réjouissante à ce road trip désenchanté. Incontestablement, The End of the Fucking World est une vraie bonne surprise de ce début d'année.

The End of the Fucking World - saison 1 - 8 épisodes sur Netflix depuis le 5 janvier 2018.