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Collage : les gueules cassées saisissantes de René Apallec

Découverte insolite dans un grenier du centre-ville de Toulouse, une série de près de 200 toiles, à base de peinture et de collage, rendent hommage aux gueules cassées, ces martyrs de la guerre de 14-18 dont nous commémorons cette année le centenaire. Leur auteur, un certain René Apallec, disparu dans l’anonymat le plus total, laissant derrière lui un legs plus que singulier.La grande guerre, dont nous commémorons cette année les 100 ans, en plus d’être le premier conflit mondial marquant, laissa des traces indélébiles dans l’inconscient collectif, mais pas seulement. De retour du front, qu’ils soient français, allemands, anglais ou américains, "les gueules cassées" comme on les appelait alors un peu négligemment, portaient sur leurs visages les stigmates de la guerre. Ils symbolisaient le conflit dans ce qu’il eut de plus violent, de plus réel aussi. Impossible de les ignorer, ces malheureux soldats qui n’eurent pas la chance de bénéficier des progrès de la chirurgie moderne. Souvent stigmatisés, ces premières victimes d’un des conflits les plus meurtriers de tous les temps, furent honorées par un artiste anonyme : René Apallec.D’Apellec on ne sait rien, même pas la date de naissance exacte. On le pense né dans la dernière décennie du 19e siècle dans la région de Bolbec (dans le 76). Il fut "peut-être" infirmier durant la première guerre mondiale. Pour le reste, son unique héritage (et pas des moindres) tient en une multitude de collages retrouvés récemment dans un grenier du centre de Toulouse. Selon ses biographes, René Apallec "ne faisant partie d’aucun mouvement ou famille artistique et a réalisé une grande partie de son œuvre dans le secret et refusait d’exposer ses collages, tout particulièrement les séries Mythologie Volatile et Gueules Cassées qu’il considérait politiquement incorrecte… ". Parmi ces sujets de prédilections, les gueules cassées donc, mais aussi le cinéma, la poésie, les mythologies antiques ou encore à la politique.Ces œuvres, d’une originalité saisissante, témoigne en effet d’une vision pour le moins acérée de son temps et d’une grande imagination. Sa série de "gueules cassées" tout particulièrement. Parfois insoutenables, ces portraits pourtant classiques dans leur mise ne scène, révèlent en détail une technique singulière - entre peinture et collage de papier froissé - donnant un relief sans pitié aux visages détruits de ces combattants anonymes de la grande guerre.>> Le site consacré aux gueules cassées de René ApallecMaxence Grugier