Le Conseil d'Etat vient-il d'interdire Saw 7 cinq ans après sa sortie ? Par une décision datée du 1er juin 2015, Saw 3D : Chapitre final (ça sonne mieux en français que Saw 7) a perdu son visa d'exploitation. Le Conseil d'Etat estime que l'interdiction du film (archétype du torture porn avec des scènes de torture bien gore) aux moins de seize ans assortie de l'avertissement "Ce film comporte un grand nombre de scènes de torture particulièrement réalistes et d’une grande brutalité, voire sauvagerie" était finalement trop faible. Saw 3D : Chapitre final était sorti en France le 10 novembre 2010, et avait rassemblé 573 085 spectateurs, dans la moyenne des résultats en salles de la série.L'association Promouvoir avait demandé l'annulation du visa et lancé une procédure contre cette décision. Après deux échecs (au tribunal adminstratif et en cour d'appel), Promouvoir s'était pourvu en cassation et le Conseil d'Etat vient de leur donner raison. "Le Conseil d’État a constaté que le film comportait de nombreuses scènes de très grande violence, filmées avec réalisme et montrant notamment des actes répétés de torture et de barbarie, susceptibles de heurter la sensibilité des mineurs", indique un communiqué du Conseil résumant la décision. "Les textes prévoyant, en pareil cas, l’interdiction de la diffusion publique du film à l’ensemble des mineurs, le Conseil a annulé la décision du ministre" de délivrer un visa d'exploitation au film.Cet extrait explique dans le détail la motivation de la décision : "il ressort des pièces du dossier que le film SAW 3D Chapitre final comporte un grand nombre de scènes filmées avec un grand réalisme, montrant des actes répétés de torture et de barbarie et représentant, de manière particulièrement complaisante, les souffrances atroces, tant physiques que psychologiques, des victimes prises dans des pièges, mis au point par un tueur, où elles sont incitées à se mutiler elles-mêmes soit pour échapper à la mort, soit pour sauver des proches ; que de telles scènes, sans toutefois caractériser une incitation à la violence, comportent une représentation de la violence de nature à heurter la sensibilité des mineurs et justifient ainsi une interdiction de ce film aux mineurs de dix-huit ans ; que, par suite, le ministre de la culture a commis une erreur d’appréciation en interdisant la diffusion du film en cause aux seuls mineurs de seize ans".Néanmoins, Saw 3D n'est pas interdit stricto sensu. Pas encore : "La décision du Conseil d’État n’implique cependant pas que le ministre de la culture prenne les mesures nécessaires pour retirer le film litigieux des salles", conclut le communiqué. "Elle impose seulement que le ministre de la culture réexamine le dossier et délivre un nouveau visa d’exploitation plus restrictif que le visa initial." Le film pourra donc être interdit aux moins de 18 ans mais pas classé X et donc exploité dans les salles normales (et évidemment en DVD et Blu-ray). On a résumé tout ça ici :>>> Saw 3D : explications et conséquences de l'annulation de son visa d'exploitationLe truc, c'est que Promouvoir affirme sur son site web se donner pour objet "la promotion des valeurs judéo-chrétiennes, dans tous les domaines de la vie sociale", luttant contre la pornographie tout en relayant des théories conspirationnistes sur le clonage, des avertissements sur l'avortement et sur les dangers de "l'art d'avant-garde" (comme le Piss Christ d'Andres Serano, notamment). Il faut donc être prévenu sur les motivations réactionnaires de l'association qui avait déjà lutté contre l'exploitation en salles de Baise-moi (2000).Pour mémoire, en février 2014, le tribunal administratif avait serré les boulons des deux volets de Nymphomaniac de Lars Von Trier en faisant monter leurs interdictions d'un cran chacun :>>> "Sexe non simulé", "sadomasochisme", "extrême violence" : Nymphomaniac Volume 1 & 2 vu par le juge des référés