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"Quel que soit le vainqueur de l'Oscar du Meilleur film étranger ce dimanche, nous refusons de le penser en termes de frontières", écrivent Asghar Farhadi, Maren Ade et les autres nommés à l'Oscar.

Rappel des faits : nommé à l'Oscar du Meilleur film étranger pour Le Client, Asghar Farhadi, déjà vainqueur de l'Oscar en 2012 pour Une séparation, avait décidé fin janvier de boycotter la 89ème cérémonie (qui a lieu ce soir) pour protester face à la décision de l'administration Trump de restreindre l'accès aux Etats-Unis de ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane (dont l'Iran, le pays de Farhadi). Et vendredi, Farhadi et les quatre autres réalisateurs nommés à l'Oscar du Meilleur film étranger -Martin Zandvliet (Land of Mine), Hannes Holm (A Man called Ove)Maren Ade (Toni Erdmann), Martin Butler, Bentley Dean (Tanna)- ont publié un communiqué qui, sans nommer Donald Trump, dénonce les "murs qui nous divisent" et promet de dédier l'Oscar de ce dimanche à la liberté d'expression et à ceux qui la cultivent en tant que "symbole de l'unité entre les nations et de la liberté artistique". Le message est clair, et émouvant.

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Voici l'intégralité du texte du communiqué :

"Au nom de tous les nommés, nous voulons exprimer notre désapprobation unanime et empathique du climat fanatique et nationaliste que nous observons aujourd'hui aux Etats-Unis et dans tant d'autres pays, parfois au sein des populations et, malheureusement, parmi les politiciens gouvernants.

"La peur que génère notre division en genres, couleurs, religions et sexualités en tant que moyen de générer de la violence détruit ce en quoi nous dépendons, non seulement en tant qu'artistes mais en tant qu'êtres humains : la diversité des cultures, la chance d'être enrichi par quelque chose d'apparemment "étranger" et la croyance que les rencontres humaines peuvent nous rendre meilleurs. Ces murs qui nous divisent nous empêchent de connaître une expérience simple mais fondamentale : décourvir que nous ne sommes pas si différents.

"Nous nous sommes alors demandé : que peut faire le cinéma ? Bien que nous ne voulons pas surestimer le pouvoir des films, nous croyons qu'aucun autre médium ne peut offrir une vision aussi profonde des motivations des gens, et transformer des sentiments d'étrangeté en curiosité, empathie et compassion -même envers ceux qu'on nous a désignés comme nos ennemis.

"Quel que soit le vainqueur de l'Oscar du Meilleur film étranger ce dimanche, nous refusons de le penser en termes de frontières. Nous pensons qu'il n'y a pas de meilleur pays, meilleur genre, meilleure religion ou meilleure couleur de peau. Nous voulons que ce trophée soit le symbole de l'unité entre les nations et de la liberté artistique.

"Les droits humains ne sont pas quelque chose dont on fait la demande. Ils existent pour toutes et pour tous. Pour cette raison, nous dédions ce trophée à tous ceux, artistes, journalistes et activistes, qui travaillent pour cultiver l'unité et la compréhension, et qui fonr respecter la liberté d'expression et la dignité humaine -des valeurs dont la protection est désormais plus importante que jamais. En leur dédiant cet Oscar, nous souhaitons leur exprimer notre plus profond respect et notre solidarité."