Jean-Pierre Jeunet et Guillaume Laurant
Reynaud Julien/APS-Medias / Marechal Aurore/ABACA

"Tous les arguments qu’on entendait en France pour ne pas le faire, sur l’originalité, le décalage, c’est justement ce qui plaisait à Netflix."

Après avoir signé l’histoire de J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, sorti en salles le 6 novembre, Guillaume Laurant s’apprête déjà à participer à deux autres projets, retournant pour l’occasion aux côtés d’un réalisateur qu’il connaît bien : Jean-Pierre Jeunet. Leur collaboration avait démarré en 1993 avec La Cité des enfants perdus, alors que l’auteur avait proposé son script au cinéaste, comme il le raconte dans une interview accordée aux Scénaristes de Cinéma Associés (SCA) : "Je lui avais envoyé mon scénario, rempli de tipex, qui ne ressemblait à rien. Coup de chance : déjà il y avait son adresse dans l’annuaire, ce qui n’est pas banal, et surtout, dix jours après, j’ai été rappelé." Jeunet lui demande alors sa participation pour les dialogues. Les deux artistes avaient retravaillé ensemble par la suite avec Alien : la résurrection et Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, deux films marquant le début d’une longue amitié cinéphile.

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Et si L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S.Spivet, leur dernière œuvre en commun, date de 2013, tous deux n’ont pas cessé de faire des projets ensemble. Seul problème : convaincre les comités pour obtenir l’aide financière nécessaire à la production de telles œuvres. Une tâche ardue, qui a fini par décourager les deux auteurs de chercher du soutien en France. "On a deux scénarios qui ont été écrits et qui sont restés en panne de financement pendant longtemps," explique en effet le scénariste. "Heureusement un de ces projets va devenir une série, avec un financement allemand a priori. Et l’autre, eh bien c’est Netflix, en Angleterre, qui s’en est emparé. Tous les arguments qu’on entendait pour ne pas le faire, sur l’originalité, le décalage, l’audace, la rugosité, c’est justement ce qui leur plaisait." Sur le site SCRIPTOCLAP, le film a déjà un premier nom : Big Bug. Le synopsis, lui, pointe davantage vers un récit de science-fiction : "Big Bug serait une histoire sur l’intelligence artificielle, une comédie avec des robots."

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Cependant, si le soutien de Netflix a permis au duo d’avoir une fenêtre de sortie et le top départ pour leur travail, cela ne se fait pas sans compromis pour Guillaume Laurant : "Évidemment, ça change beaucoup pour un scénariste : on n’a plus de droits de diffusion, plus de sortie en salles… l’éventuel pourcentage sur les entrées, comme on les deale dans les contrats, là ça n’existe plus. Et puis quand un film est écrit et réalisé mais ne sort pas en salles… C’est vrai qu’on n’a pas l’habitude de ça, on a toujours un petit regret. Tant mieux pour le film, mais c’est dommage pour ce qui est de la diversité et la qualité de la création en France."

Le tournage de Big Bug de Jean-Pierre Jeunet, d’après le scénario de Guillaume Laurant, devrait commencer en avril-mai 2020. J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, écrit par le scénariste et adapté de son propre roman Happy Hand de 2006, est en salles depuis le 6 novembre.

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