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Il semblerait que 007 fasse un usage trop intensif de son permis de tuer. Des chercheurs néo-zélandais ont travaillé sur la représentation de la violence au cinéma, tentant d'analyser si elle était plus présente ces derniers temps qu'il y a quelques années. Le choix de James Bond semblait évident, étant donné que le héros britannique fête cette année ses 50 ans sur grand écran, il se présentait comme le choix idéal. L'équipe a donc visionné les 22 premiers films de la franchise (l'étude ne prend donc pas en compte Skyfall) et divisé les actes de violences en deux catégories : "légères" ou "sévères" (sur le graphique, les triangles représentent le total des deux).Leur graphique est clair : au fil des années, la violence légère est restée sensiblement la même. Elle comprend les bousculades, les claques... les gestes malveillants qui ne sont pas effectués dans le but de blesser ou de tuer. Il y en a en général moins d'une cinquantaine par films. Par contre, la violence jugée "sévère", soit les actes qui entraînent des blessures graves ou des morts, a largement augmenté. Excepté dans Vivre et Laisser Mourir, sorti en 1973 avec Roger Moore, qui était visiblement moins violent que les autres longs-métrages, on remarque que la hausse est considérable.Pour se faire une idée, les résultats publiés dans la revue américaine Archives of Pediatric and Adolescent Medecine détaillent un maximum de 400 actes de violence dans Demain Ne Meurt jamais, sorti en 1997 avec Pierce Brsonan, qu'ils soient "légers" ou "sévères". On voit bien qu'il s'agit de l'épisode le plus violent de toute la franchise. Avait-il dépassé les bornes ? Le suivant, Le monde ne suffit pas, en contient deux fois moins.Globalement, entre Dr No en 1962 et Quantum of Solace en 2008, ces actes ont doublé, passant de 109 à 250. Et ce qui inquiète les chercheurs, c'est la hausse de la violence "sévère", qui est passée de 77 démonstrations dans le premier opus à 219 dans le dernier.Si l'étude ne prend pas en compte Skyfall, on peut supposer qu'il serait plutôt haut dans le graphique, le héros multipliant les meurtres de sang froid. Et surtout, Bond n'est pas le seul à tuer dans ces films. Les actes violents des méchants ou des personnages secondaires sont aussi comptabilisés. Pour les chercheurs, cette étude est inquiétante, car "de jeunes spectateurs sont habitués à observer une telle violence dans les médias (...) Il n'y a pas que Bond, la plupart des films montrent autant de violence.". Un fait qui pourrait selon eux "contribuer à une désensibilisation envers les faits de violence ou les comportements agressifs". Une question qui fait débat depuis des années, mais qui, pour une fois, s'appuie sur des chiffres très précis. Ce que l'étude ne dit pas, par contre, c'est que le nombre de meurtres effectués par James Bond a tendance à baisser depuis l'arrivée de Daniel Craig, qui tue moins que Pierce Brosnan et Sean Connery à l'écran. Skyfall cartonne depuis sa sortie fin octobre. Il devrait même dépasser le milliard de dollars de recettes.Voir aussi :La (décevante) vie sexuelle de James Bond en chiffres