Claude Lelouch et les chansons de ses films- épisode 2
DR/ Les Films 13

A l’occasion de son Ciné- spectacle Symphonique, voyage musical à travers ses œuvres, le cinéaste nous dévoile les secrets de fabrications de quelques- unes des chansons culte de ses films. Cette semaine : L’Aventure c’est l’aventure et Le Bon et les méchants

Ce ne devait être qu’un one shot ! En novembre dernier, pour célébrer tout à la fois son 85ème anniversaire ses 50 films et une carrière de plus de 60 ans, le Palais des Congrès de Paris accueillait « Claude Lelouch - Le Symphonique », un spectacle comme un voyage en musique et en images dans sa filmographie, où les musiciens de la formation Symphonique interprétaient les plus belles musiques de ses longs métrages sur un montage inédit projeté sur un écran géant. Mais une salle comble et enthousiaste ne pouvait que donner lieu à des rappels. Alors à partir du 10 novembre, « Claude Lelouch - Le Symphonique » s’offre une balade à travers la France, en passant par la salle Pleyel à Paris le 15 novembre. L’occasion pour Première d’aller à la rencontre du cinéaste pour qu’il nous parle des chansons devenues cultes qui peuplent son cinéma. Dans les épisodes suivants, il sera question de Johnny, Brel, Dutronc, Michel Legrand, Mireille Mathieu, Gilbert Bécaud, Didier Barbelivien, Philippe Léotard ou Maurane. Et ce feuilleton se poursuit avec deux chanons interprétés par deux acteurs qu’il a aussi dirigés : L’Aventure c’est l’aventure de Johnny Hallyday et Le Bon et les méchants de Jacques Dutronc.

Claude Lelouch en chansons- épisode 1 : Un homme et une femme

Comment naît la chanson- titre de votre L’Aventure c’est l’aventure ?

Claude Lelouch : Comme souvent dans ma vie, ce moment illustre la fameuse devise « Aux innocents les mains pleines ! Car, au fond de nous, Jojo et moi, on a toujours été de grands enfants ! J’ai d’abord été le voir pour lui proposer de jouer son propre rôle, un peu décalé. Un Johnny Hallyday qui traverserait une période difficile, aurait besoin d'un peu de pub et fabriquerait donc son propre enlèvement pour remplir les salles. J’ai tout de suite vu dans ses yeux qu’il accrochait à l’idée. Il m’a alors demandé de lui raconter un peu plus en détails l’histoire du film. Je lui ai expliqué que je l’avais imaginé comme une réponse aux évènements de mai 68, avec lesquels je n'étais pas vraiment d'accord car je trouvais qu’on avait eu à faire à une bande de branquignols plus qu'autre chose. Avec L’Aventure, c’est l’aventure, je voulais donc faire le portrait de mecs réacs et fachos puisque c'étaient les seuls qui avaient contesté les événements en question… et qui, à mes yeux vous l’avez compris, n’étaient pas du tout à côté de la plaque ! Et comme je savais déjà que le film s’appellerait L’Aventure, c’est l’aventure, j’avais besoin d’une chanson du même titre. Johnny m’a alors demandé qui en signerait la musique. Je lui ai répondu que Francis Lai s’en chargerait. Et là il m’a dit « Ah oui, j'aime bien, mais c'est pas mon genre ! » (rires)


 

Comment s’est orchestrée la rencontre entre eux deux ?

J’ai tout de suite proposé à Johnny d’aller voir Francis à son studio, au septième étage de la rue Benjamin- Franklin à Paris. Et je garde de cette rencontre un souvenir bouleversant car c’était le face à face entre deux artistes qui, certes, ne boxaient pas dans la même catégorie mais étaient chacun de leur côté des idoles. Avec sa modestie habituelle, Francis a tout de suite exprimé à Johnny l’honneur et le bonheur que cela représentait pour lui de le voir chanter une de ses compositions. Johnny lui a demandé s’il avait déjà une idée. Francis lui a alors joué les premières notes de la chanson. Et tout de suite Johnny lui a dit : « ça, c’est pour moi ». Et c’est ainsi que le titre est né


 

Ca a été aussi fluide avec Jacques Dutronc pour La Ballade du bon et des méchants ?

Jacques aussi, c’est un amour. Et avec son humour, on a la certitude de pouvoir traverser tous les océans du monde sans se faire chier ! Comme vous avez dû le remarquer, pratiquement tous les titres de mes films ont été des chansons. J’ai besoin, avant de tourner d’entendre, la musique qui a été composée et la chanson en question. Ca m’est indispensable, y compris dans mon rapport aux comédiens et à la direction d’acteur. Pour Le Bon et les méchants, c’est Philippe Labro qui s’est chargé des paroles. Et on s’est là encore régalé. Il y a toujours chez moi une part d’innocence sur ce terrain. J’ose tout en musique ! Je n’ai peur de rien car je sais que j’ai de l’oreille. Et comme je joue aussi un peu de piano en amateur, une fois que j’ai le thème, je peux faire joujou avec lui chez moi. C’est ainsi qu’on a créé la chanson La Ballade du bon et des méchants, la rencontre au sommet des mots de Labro et de l’humour de Dutronc. Et comme à chaque fois que j’ai eu une chanson avec le titre du film, le film en question a marché !

Claude Lelouch- Le Ciné- spectacle symphonique. Le 10 novembre au Zénith de Caen. Le 15 novembre à la salle Pleyel à Paris. Le 17 novembre au Zénith de Rouen. Le 1er décembre au Zénith de Caen. Le 3 décembre au Zénith de Lille