DR

En attendant la cérémonie des César 2011 qui se tiendra le 25 février au théâtre du Châtelet, Premiere.fr revient sur l’histoire de cette Cérémonie avec des acteurs, actrices, réalisateurs, techniciens qui ont eu le Sésame. Aujourd’hui, entretien avec Philippe Claudel, César du meilleur premier film 2009. Par Gaël Golhen Philippe, vous avez décroché le César du meilleur Premier film en 2009. Qu’est-ce que ça représentait à l’époque ? J’étais ravi, mais au fond, un César c’est comme un prix littéraire pour moi : je n’ai jamais refusé un prix, mais je n’en ai jamais réclamé non plus. Ce qui m’intéresse, c’est faire des films, écrire des livres. Quand ils rencontrent le public, je suis le plus heureux des hommes. Si en plus, le livre ou le film est couronné de prix, c’est du bonus. Maintenant, je ne vais pas vous mentir. Quand j’ai entendu mon nom lors de la Cérémonie, j’étais touché. J’avais l’impression que “la profession” me donnait le droit de continuer. C’est un peu comme si, ce soir-là, l’Académie m’avait dit : “on a aimé le premier, à quand la suite ?”Et à part l’égo, ça change quoi ? Franchement, ça ne bouleverse pas votre vie. L’effet César c’est... bizarre. Si vous regardez l’histoire des cérémonies - je parle surtout des comédiens - c’est assez curieux de voir que des acteurs reçoivent un César et ne font plus rien après ! Aux US, un comédien qui décroche un Golden Globes ou un Oscar a sa carrière assurée pendant plusieurs années... Ce n’est pas le cas en France. Vous l’expliquez comment ? Je ne l’explique pas... Je constate juste que les producteurs ou les réalisateurs ne tiennent pas compte de ces récompenses. C’est comme si un César n’avait pas d’importance pour eux. Ca ne déclenche pas toujours les choses. Comme chaque année, on parle beaucoup des absents des nominations... Incompréhensibles ! De très bons films n’ont pas été vus. J’ai adoré Pieds nus sur les limaces par exemple, et je ne comprends pas que Diane Kruger et Ludivine Sagnier ne soient pas nommées quelque part. Tout comme la metteuse en scène, Fabienne Berthaud. Je l’ai mis sur tous les bulletins ! Pareil pour Mr Nobody de Jaco Van Dormael. Je ne comprends ni son insuccès ni son absence des nominations. J’ai découvert le film dans le coffret... une fois le film fini, j’ai tout de suite dit à Jean-Marc Roberts, un éditeur qui est un ami commun, “dis à Jaco que j’adore son film”. Quand je vois la difficulté de faire un film, j’imagine la douleur que peut représenter un tel échec. Mais c’est un tel chef d’oeuvre... Ce qui est marrant c’est qu’on va s’extasier sur Inception, sa construction et sa mise en scène alors que dans Mr Nobody, la construction est remarquable, mais en plus il y a un message magnifique, un message sur l’humain, sur la vie, sur nos existences. Dans le film de Nolan, le message n’est pas bien compliqué... Quand je parlais d’absence, je pensais plutôt aux Petits Mouchoirs ! Vous avez raison. L’année où je l’ai reçu, c’était l’année des Ch’tis... qui n’a rien eu. Cette année, Les Petits Mouchoirs ont eu un énorme succès public... et rien ou presque aux nominations. Le rapport de l’Académie aux grands succès publics est étrange. Mais le problème finalement, c’est qu’on ne sait pas qui vote. L’Académie des Césars n’a jamais publié la liste des votants et elle refuse de le faire. Est-ce que ce sont plutôt des techniciens, plutôt des gens de production ou plutôt des artistes ? C’est dommage qu’il y ait cette petite opacité. Evidemment, les votes se font de manière très régulière, mais parfois j’aimerai bien savoir qui sont les gens qui se déterminent. Comment vous expliquez que l’Esquive ou que Séraphine émergent certaines années par exemple ? Comment des films comme ça, soudain, rendent fous les César ? Pour les films populaires, c’est le contraire. J’en parlais avec Gérard Jugnot récemment : Gérard n’a jamais eu aucun César. Ni comme comédien, ni comme metteur en scène... rien. Et ils sont des dizaines dans ce cas-là. Ca ne vous choque pas franchement ? C’est un peu comme si le cinéma populaire, la comédie et le grand public étaient un peu oubliés. On peut dire la même chose du cinéma d’auteur. Venus noire et Enter the Void sont aussi absents des nominations cette année... C’est vrai, mais le film de Gaspar Noé était carrément absent du coffret des César et je crois même qu’il n’y avait pas d’invitations pour le revoir en projection. Dans ce cas-là, il a peu de chance d’être présent dans les nominations. Cela dit, je trouve qu’on a eu du mal à trouver des films qui sortaient du lot. Philippe Claudel est le président du Mobile Film Festival