DR

Ce qu’il faut voir ou pas en salles cette semaine.

PREMIÈRE A AIMÉ

JACK REACHER : NEVER GO BACK ★★★☆
D’Edward Zwick

L’essentiel
On pourrait s’amuser à théoriser avec Zwick et l’acteur, mais le plus important est ailleurs : chaque scène – même prendre un café – est un morceau de bravoure ; chaque dialogue une punchline ; et chaque coup dans la gueule fait très mal. Parce que même quand il est en mode rom-com, il ne faut pas trop se frotter à Jack Reacher.
Pierre Lunn

Lire la critique en intégralité

MA VIE DE COURGETTE ★★★☆
De Claude Barras

Nommé Icare (métaphore de son rêve d’envol, donc d’oubli), le jeune héros possède un cerf-volant sur lequel est dessiné d’un côté son père et de l’autre une poule, parce que ce géniteur absent "aimait les poules". Cette belle idée illustre à merveille les enjeux d’un film qui traite de la pire des choses, l’abandon, avec toujours à l’esprit un souci de dédramatisation – pas de musique sursignifiante non plus – qui le prévient de tout misérabilisme.
Christophe Narbonne

Lire la critique en intégralité

OLLI MÄKI ★★★☆
De Juho Kuosmanen

Présenté à Un certain regard, Olli Mäki illustre toute la justesse des cinéastes du pays aux mille lacs. On y suit l’histoire vraie du premier boxeur finlandais sélectionné pour les championnats du monde. Mais, alors que ses pairs aimeraient le transformer en cogneur national, cet humble sportif amateur ne rêve que de conter fleurette. Se dessine alors le portrait d’un homme ordinaire écrasé par le poids des médias envahissants et d’un business sportif sans pitié. Avec la précision d’un boxeur sur le ring, Juho Kuosmanen fait virevoleter sa caméra monochrome autour de son personnage et traduit sans peine son irrésistible besoin de liberté – d’amour aussi –, à travers une mise en scène adroite et bourrée d’idée.
Mathias Averty

 


PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

BRICE 3 ★★☆☆
De James Huth

Les raisons d’attendre et d’aimer la suite de Brice de Nice (rappelons que le héros a "cassé" l’épisode 2) sont nombreuses et tiennent surtout au retour de Jean Dujardin dans la peau de celui qui contribua grandement à le rendre populaire. Le voir renfiler son ridicule pantalon Sarouel procure un plaisir d’autant plus nostalgique que l’acteur joue sur le temps qui a passé, et pour lui, et pour Brice, dont le côté enfantin paraît encore plus anachronique à 40 ans passés.
Christophe Narbonne

Lire la critique en intégralité

MAL DE PIERRE ★★☆☆
De Nicole Garcia

Mariée contre sa volonté à un ouvrier agricole, Gabrielle s’enferme dans la dépression jusqu’à ce qu’elle s’éprenne d’un séduisant lieutenant lors d’un séjour en cure. Les défauts redoutés de la production "qualité française" sont là : une mise en scène plus illustrative qu’inspirée et un léger manque de profondeur. Pour le reste, Nicole Garcia s’acquitte de son cahier des charges avec les honneurs. Aux performances de Marion Cotillard et Louis Garrel, impeccables, on préférera celle d’Alex Brendemühl qui, dans la peau du mari, joue le rôle le plus ingrat et le plus payant à la fois : son amour pour Gabrielle prend une dimension inattendue lors du surprenant –bien qu’un peu surfait- dénouement.
Christophe Narbonne

MANUEL DE LIBERATION ★★☆☆
D’Alexander Kuznetsov

C’est l’histoire de jeunes orphelines transférées dans leur jeunesse dans un internat neurospychiatrique et déchues de leurs droits civiques au passage. Devenues adultes, elles se battent pour gagner leur émancipation et le droit de vivre normalement. Cet édifiant documentaire russe rappelle, par son caractère immersif, À la folie de Wang Bing qui traitait également de la double peine (enfermement et inexistence légale) infligée à certains individus moins dérangés qu’en rupture de ban –ponctuelle ou durable. Plus décousu et moins dense que son homologue chinois, Manuel de Libération procure néanmoins le même sentiment d’indignation.
Christophe Narbonne

LE TECKEL ★★☆☆
De Todd Solondz

Le portrait d’un teckel et de ses propriétaires successifs… Le précédent film de Todd Solondz, le sinistre Dark Horse, renvoyait l’image d’un cinéaste au bout du rouleau, englué dans ses vignettes misanthropes. Si Le Teckel ne brosse pas un portrait beaucoup plus réjouissant du genre humain, il a au moins le mérite d’être rigolo. Sorte de variation canine sur Winchester 73, ou de version teigneuse de Beethoven, le film est une succession de sketchs où le traditionnel petit carnaval solondzien, peuplé de losers pathétiques et de connards mesquins, est dynamité par des moments franchement hilarants. Du moins si l’idée de voir un chien baptisé "petite crotte", "la saucisse" ou "cancer" par ses différents maîtres vous amuse… La désinvolture manifeste de l’ensemble laisse à penser que l’ex-chouchou de la scène indé des 90s ne retrouvera jamais le niveau de son chef-d’œuvre Happiness. Mais on peut juger admirable son acharnement à démontrer qu’il reste le meilleur ennemi de l’homme.
Frédéric Foubert

WILLY 1ER ★★☆☆
De Ludovic & Zoran Boukherma, Marielle Gautier & Hugo P. Thomas

Willy 1er est le portrait tragicomique d’un quinquagénaire au physique particulièrement peu avantageux dont on ne comprend pas bien s’il est attardé mental ou juste inadapté, vivant toujours dans la ferme de ses parents, à qui la mort du frère jumeau fait l’effet d’un électrochoc. On le suit dans son processus d’émancipation aussi difficile que surprenant (Willy a de la ressource, finalement) et le film dépasse alors le voyeurisme et la fascination pour la misère humaine d’un épisode de Strip-tease. Après le malaise initial un peu douloureux, la bienveillance respectueuse avec laquelle les réalisateurs observent leur personnage réconcilie avec ce curieux projet.
Vanina Arrighi de Casanova

Et aussi
Homo Sapiens de Nikolaus Geyrhalter
La Chouette, entre veille et sommeil de Collectif
Apnée de Jean-Christophe Meurisse

Et les reprises de
Indochine de Régis Wargnier
Les Visiteurs du soir de Marcel Carné
Sabrina de Billy Wilder
La mélodie du bonheur de Robert Wise
Mouchette de Robert Bresson