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Une ville balayée par le vent, des habitations sommaires, des gueules patibulaires… L’ouverture de The Salvation ne laisse planer aucun doute : Kristian Levring réhabilite le western à l’ancienne, même si le réalisateur danois est stylistiquement plus proche du post-moderne Sergio Leone (violence graphique, mutisme des personnages) que du classique John Ford. L’intrigue emprunte d’ailleurs beaucoup à Il était une fois dans l’ouest, puisqu’il est question de vengeance personnelle, de spéculations immobilières (en rapport avec l’expansionnisme ferroviaire) et d’une relation amoureuse contrariée. Dans la peau du raider taciturne, Mads Mikkelsen s’inscrit de son côté dans la veine de ceux qui l’ont précédé (Clint, Charles, Lee…) en apportant la touche émotionnelle qu’on lui connaît. Hommage appuyé et assumé au genre, traversé de fulgurances visuelles,The Salvation se distingue par son personnage féminin, une veuve à la langue coupée et à la beauté incendiaire, création mythologique digne de L’homme à L’harmonica à laquelle Eva Green prête sa silhouette parfaite et une intensité inattendue. Une bonne mise en bouche avant Pour une poignée de dollars en clôture.Christophe Narbonne