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Il rêvait d’être footballeur. Marcel Cerdan est devenu star de la boxe. Symbole de la France d’après-guerre, l’amant d’Edith Piaf a péri dans un accident d’avion. Le documentaire de France 2 revient sur son destin de légende.

Il rêvait d’être footballeur. Marcel Cerdan est devenu star de la boxe. Symbole de la France d’après-guerre, l’amant d’Edith Piaf a péri dans un accident d’avion. Le documentaire de France 2 diffusé ce 12 janvier 2011 à 22h45, revient sur son destin de légende.21 septembre 1948, Jersey City dans la banlieue de New York. Le gong résonne : à l’appel du 12ème round, le boxeur américain Tony Zale ne se présente pas. Marcel Cerdan est sacré champion du monde des poids moyens. Quelques secondes suffisent à écrire une légende. Paris est à ses pieds. Le président Auriol embrasse le héros, ovationné par la foule massée sur les Champs-Élysées. Le peuple fond devant ce gosse du pavé, sans culture et sans éloquence peut-être, mais doux et si simple, qui redonne de l’orgueil à la France d’après-guerre. Comment ce type, à la voix fluette, a-t-il pu faire chavirer un pays tout entier? Marcel, fils de charcutier, est né à Sidi-Bel-Abbès, en Algérie, et a grandi dans les quartiers pauvres de Casablanca au Maroc. «Son père lui a imposé la boxe, raconte Marcel Cerdan Junior, le fils aîné, inébranlable gardien du temple. Mon père, lui, se rêvait footballeur. Il a enfilé les gants pour ne pas se ramasser des roustes!» Cerdan, sommé de gagner au nom du père, se fera tueur adolescent, prince des rings nord-africains, où il règne très vite sans partage. Champion de France puis d’Europe, la voie est toute tracée pour devenir champion du monde quand la Guerre éclate. Réquisitionné par le régime de Vichy pour servir la propagande pétainiste, le prodige des colonies affronte les fleurons de Mussolini et de Franco. « C’était son métier, s’insurge son fils. Mon père fuyait la politique. Il n’a pas bu le champagne avec les fascistes.» On pardonne tout aux héros. Cerdan est un bûcheron qui abat ses adversaires à coup de hache. Puissant, il les cisaille, les casse, les pilonne. Aussi féroce dans les cordes que doux dans la vie, il ne lâche jamais sa proie. Sa frappe est tellement lourde que les Américains le surnomment «le Bombardier marocain». Fin 1946, après dix ans d’effort, il décroche enfin son premier contrat outre-Atlantique. Les portes du royaume de la boxe s’ouvrent devant lui. Le petit Français se hisse au sommet, triomphe à New-York et séduit Edith Piaf, immense star, reine du cabaret de Versailles dans la grosse Pomme. «Ils s’étaient rencontrés à Paris en 46, raconte Cerdan Junior, mais le contact n’était pas passé. Il a fallu que mon père boxe à New-York pour qu’ils aillent dîner et tombent amoureux.» Piaf a une révélation pour ce «type du peuple», comme elle dit, dont «la force n’a d’égal que la simplicité et la droiture». Lui est touché par «la petite», partie de rien pour parvenir au firmament, et qui vient aussi un peu de «là-bas», avec sa grand-mère kabyle. Piaf accrochée à un bras et Marinette, l’épouse depuis 1943, la mère de ses trois fils, toujours à l’autre… En 1949, Jake LaMotta, Raging Bull de légende, est désigné challenger de Cerdan. Mais le Bombardier, champion du monde depuis neuf mois, ne résiste pas aux frappes du taureau du Bronx, et déclare forfait à la 10ème reprise. En 1949, la Môme compose l’Hymne à l’amour. Elle le presse de venir plus tôt, avant de disputer sa revanche avec LaMotta. Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1949, le Constellation d’Air France qui conduisait Cerdan à New York, s’écrase aux Açores. Le champion avait 33 ans…Emmanuelle Touraine pour Télé 7 Jours