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True Detective S2E8 - Review : enfin, c'est fini

Ouf, c’est terminé. Pour tous ceux qui ont suivi la saison 2 de True Detective dans un douloureux mélange d’amour et de haine, ce season finale fait l’effet d’un soulagement. On n’en pouvait plus de ne pas aimer cette série. L’épisode est d’ailleurs à l’image de ceux qui ont précédé : maladroit, inabouti. Un peu grotesque, un peu émouvant. Un évident brouillon de ce qu’aurait pu être True Detective 2, si Nic Pizzolatto avait eu le temps de se relire avant d’arriver sur le plateau.La résolution de l’intrigue ? Expédiée en une poignée de répliques désinvoltes. Le McGuffin (le fameux disque dur de Caspere) ? Oublié quasi instantanément. L’auteur préfère se concentrer sur ce qui l’intéresse vraiment : sonder l’attachement émotionnel du spectateur à ses personnages. C’était, déjà, le mouvement qui guidait le final de la saison 1 (la fin du "voyage" spirituel de Rust Cohl importait plus que le whodunit). C’était, aussi, ce qu’il y avait de plus convaincant dans son roman Galveston : l’immense vague de mélancolie qui s’abattait sur les trente dernières pages du bouquin et emportait tout sur son passage.>>> True Detective, saison 2 : le final n'a pas du tout emballé les fansEsthétiquement, ça se traduit par l’évasion des personnages de l’enfer urbain dans lequel il croupissait depuis sept épisodes : Ray Velcoro (Colin Farrell) décide de mourir les armes à la main en pleine forêt, Rambo-style ; Frank (Vince Vaughn) entame une longue marche dans le désert, dont il ne se relèvera pas ; Ani (Rachel McAdams) prend la mer. On comprend quel est l’horizon visé ici : la grande bascule métaphorique et métaphysique, quelque part entre les dernières scènes de Chinatown et l’arrivée de Matthew McConaughey à Carcosa l’an dernier. Encore une fois, faute d’une mise en scène à la hauteur, tout ça ne reste qu’au stade des intentions.>>> True Detective : y aura-t-il une saison 3 ?Mais ce final a au moins le mérite de la cohérence intellectuelle. Le puzzle a été long à se mettre en place, mais il fait sens : Pizzolatto raconte ici la fin d’un monde. La disparition programmée de l’homme blanc, ces flics et voyous du temps d’avant, des dinosaures évadés du XXème siècle. Les fils feront – peut-être – la paix avec les pères, les femmes ont désormais la charge de la guerre. La corruption endémique qui pourrit la Californie depuis la nuit des temps ? On peut l’arrêter, l’empêcher. "On mérite un meilleur monde", dit Ani à la fin en accrochant son arme à la ceinture. Les trois quarts du cast ont beau avoir été dézingués, ceci est bien un happy end. Vous pouvez éteindre la télé.Frédéric Foubert