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True Detective S2E5 - Review : ou quand le show ne fait que redémarrer

Attention Spoilers.Le cinquième épisode de la deuxième saison de True Detective vient de connaître son plus gros choc : Colin Farrell a rasé sa moustache. Une manière de souligner que le temps a passé depuis le dernier épisode et sa fusillade sanglante. 66 jours, précisément. La série se paie donc une ellipse de deux mois, et un montage alterné nous présente où en sont les personnages : Velcoro devenu encaisseur de Frank, Bezzerides (larguée derrière le comptoir des dépôts de preuves) en talk group de harcèlement sexuel flic, Woodrugh (passé à la fraude aux assurances) en procès avec l'actrice qui l'accuse de harcèlement sexuel... Et l'enquête ? Quelle enquête ? Elle intéresse autant les personnages que la disparition de la moustache de Colin. La série continue hardi hardi d'aligner les scènes de soap mollassonnes - voir notamment l'engueulade entre Woodrugh et sa mère ou les interminables discussions Frank/Morgan sur la paternité. Et dix minutes avant la fin, le district attorney Davis, sur la foi d'indices minables, décide de rassembler les trois héros pour relancer l'enquête sur le meurtre de Caspere. Trois épisodes avant la fin de la saison, l'enquête re-recommence et l'équipe est re-re-rassemblée."Il n'est jamais trop tard pour recommencer", commente alors Bezzerides. Faux : il est carrément trop tard pour ça. Pour répéter la structure de l'épisode 2 (montage alterné en ouverture, rassemblement des personnages, cliffhanger) et tenter de nous faire croire que le whodunnit de la saison 2 a un quelconque intérêt. Les quelques pistes d'écriture intéressantes (la révélation sur le background de Velcoro, la replonge de Frank dans la vie criminelle), de nouvelles insultes ajoutées à notre vocabulaire ("pin-eyed motherfucker") et l'ambiance musicale de T-Bone Burnett (qui n'a jamais été aussi présente et puissante)... C'est très peu. Avec ce nouvel épisode de trop (réalisé par John Crowley, qui a révélé Andrew Garfield avec Boy A), l'électro-encéphalogramme de la série est désespérément plat et on espère, un brin crispés, que les trois derniers épisodes seront les électrochocs tant attendus."La douleur est inépuisable", radote Velcoro dans un dictaphone. "Seuls les gens s'épuisent". Les spectateurs aussi.Sylvestre Picard