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Aujourd’hui à partir de 10h30, à Paris, les grands noms de la scène culturelle française se sont rassemblés à l’église Saint-Roch, ainsi qu’au Père Lachaise, pour dire adieu à la comédienne Annie Girardot, disparue lundi 28 février des suites de la maladie d’Alzheimer.Il s’agissait d’une actrice proche du peuple et le peuple le lui a bien rendu ce matin, devant l’église Saint-Roch, où des centaines de personnes se sont rassemblées pour rendre un dernier hommage à Annie Girardot, décédée lundi 28 février à l’âge de 79 ans, des suites d’une maladie dont elle souffrait depuis dix ans.Dès 10h du matin, il était devenu difficile de se déplacer aux alentours du bâtiment religieux, tant les spectateurs composés de curieux, mais surtout d’admirateurs, étaient nombreux. C’est dans le calme et une émotion quasi-palpable que les premiers représentants du cinéma, de la musique, mais également du gouvernement français se sont succédés, sous le regard attentif de la foule. Alain Delon, Line Renaud, précédée de son énorme bouquet de fleurs témoin de son affection pour la comédienne, Richard Berry, Smaïn, Frederic Mitterand et même Jean-Paul Belmondo, notamment, avaient fait le déplacement pour l’occasion.Pour accompagner le cercueil d’Annie Girardot, sa fille, Giulia Salvatori, ainsi que ses deux petits-enfants, Renato et Lola Vogel ont fait bonne figure face aux vedettes venues exprimer leurs regrets, pour qui la comédienne éprouvait des sentiments partagés. Finalement, c’est sous les francs applaudissements de la foule que la dépouille d’Annie Girardot a été transportée à l’intérieur de l’église.Les badauds, dignes représentants d’une génération touchée par le succès de cette actrice parmi les plus talentueuses, étaient rares à avoir versé une larme. Plus que de la tristesse, c’est une certaine mélancolie mêlée d’une indicible tendresse qui est exprimée dans les regards, pour ceux qui l’avaient aimée, mais qui sont heureux de la savoir désormais apaisée. "C’est comme un petit bout de moi-même qui part", murmure une fan de la dernière heure.Parmi les spectateurs amassés devant l’église, Philippe Pasquini, 43 ans, fait partie de ces individus dont la vie a été marquée par la comédienne, pour ensuite subir la distance due à la terrible maladie qui l’a rongée pendant de nombreuses années. Désireux de saluer celle qu’il désigne comme sa marraine de théâtre, puisqu’elle lui a donné des cours privés gratuitement pendant plus d’un an, le comédien dépeint le tableau d’une femme simple et altruiste : "Une femme d’une telle générosité, d’une telle humanité, confie-t-il. Elle disait : 'Moi, j’ai aucune culture, c’est les hommes que j’ai rencontrés qui m’ont tout apporté. Moi j’apprends rien, j’ai juste appris des autres.' Elle était très amie avec les techniciens et toutes les équipes de tournage."C’est peu avant midi que les portes de l’église se sont ouvertes, laissant sortir la foule de personnalités, de fans et même d’un sans-abri pris dans le mouvement, comme un clin d’œil à celle qui était si proche des gens, si terre-à-terre. Après les derniers aux revoirs, la foule s’est ensuite dirigée vers le cimetière du Père Lachaise, où Annie Girardot devait être inhumée. Cette fois, seules quelques vedettes ont suivi le pas.Sur les hauteurs de l’immense cimetière, le service de sécurité s’était organisé pour que les derniers adieux à Annie Girardot se déroulent dans le respect le plus total de la douleur de la famille. Parmi les membres proches, des murmures d’incompréhension s’élèvent. On se demande pourquoi le cinéma français a tourné le dos à l’actrice, comme elle l’a elle-même dénoncé lors des César de 1996. Peu avant cette époque "elle en avait marre de tout, confie Philippe. Elle était au plus mal, marre du théâtre, marre du cinéma, très déçue par tout ça." Finalement, Annie Girardot saura trouver la force de continuer tout en préservant l’amour de son métier et reste, aujourd’hui plus que jamais, une femme souvent blessée par les autres, mais inlassablement comblée par la vie.Amèle Debey