Doc Gynéco a bien changé. On avait pris l’habitude, lors de nos rencontres précédentes, d’un retard du chanteur estimé à une heure en moyenne. Évidemment, on n’allait pas se presser pour notre rendez-vous dans les bureaux de sa maison de disques (Archambault France). Pourtant, à notre grande surprise, le Doc était pile-poil à l’heure. En revanche son flegme légendaire est inchangé. Bonnet vissé sur la tête, lunettes de soleil (« Oui je sais ce n’est pas très télégénique, mais j’ai des cernes énormes »), PSP dans la poche, à 35 ans, Doc Gynéco, qui vient de sortir son sixième album « Peace Maker », est resté un grand gamin. C’est tout de même avec un certain sérieux qu’il a répondu, en toute franchise, à nos questions. Public.fr : Tu dis faire un rap de conscience, qu’est-ce que tu veux dire par là ? Doc Gynéco : On vient des quartiers, on a tous fait des petites conneries, mais aujourd’hui on doit transmettre autre chose que de la haine, de la violence ou du sexisme. Je crois que les rappeurs y viennent, certains commencent à suivre la direction que j’ai prise. Public.fr : Qu’est-ce que tu penses des rappeurs plus « hardcore », comme Booba ? Doc Gynéco : J’ai appris qu’il vivait à Miami, que ça allait plutôt bien. On n’a pas le droit de se la jouer, quand on a des moyens comme lui. On doit faire des choses positives. Les jeunes s’identifient à ce qu’on leur propose et moi je suis obligé de me mettre en opposition à ce type de rappeurs. Ce qui est arrivé à Booba dont la mère s’est fait kidnapper, c’est très grave, mais on ne récolte que ce que l’on a semé. Public.fr : Comment s’est passé le travail avec Pierre Sarkozy, compositeur de l’album ? Doc Gynéco : Les deux univers se sont rencontrés, on a beaucoup parlé, on est restés un an en studio, c’est un travail très long. Il est très timide, ça n’a pas été évident pour lui de s’insérer dans le hip-hop qui est un milieu très fermé avec beaucoup de préjugés. Pierre est juste un passionné de musique qui connaît ça sur le bout des doigts. Public.fr : Nicolas Sarkozy a-t-il écouté l’album ? Doc Gynéco : Oui, il l’a écouté, mais c’est quelqu’un d’une autre génération, pour qui le hip-hop est incompris. Notre but aujourd’hui, c’est que les gens de sa génération puissent en écouter. Public.fr : Tu pourrais faire un duo avec Carla Bruni ? Doc Gynéco : Faire un duo avec Carla serait sympa, elle est assez éclectique ! Elle sait qu’il existe de bons groupes de rap. Mais c’est très difficile de relier la variété et le hip-hop. Public.fr : Dans un morceau, tu égratignes Ségolène, pourquoi ? Doc Gynéco : Comme parfois elle me fait des petites attaques, je lui renvoie un petit mot, c’est bon enfant. Elle me fait penser à mes profs à l’école, et aux filles qui ne veulent jamais regarder sous la ceinture. Pour la faire sourire Ségolène, faut être un bon. Si un jour, j’arrive à la faire rire, je serais content ! Public.fr : Comment as-tu pris le fait que Christine Angot raconte vos ébats dans son livre ? Doc Gynéco : J’ai eu l’impression de me voir faire l’amour, mais c’est son style, détailler ses relations sexuelles. Elle ne s’exprimera jamais de cette façon dans le langage parlé. C’est comme Bridget Jones, c’est ce qu’elle met dans son petit journal. Public.fr : Aujourd’hui, Doc Gynéco est-il enfin posé en amour ? Doc Gynéco : Je suis « célib en vélib’ ». Je suis encore en train de voir si je veux me marier, si je vais rencontrer une fille. Ce sont des décisions qu’on ne peut pas prendre à la légère. Un jour, vous verrez Doc Gynéco marié, mais il faut que je trouve la bonne, qu’elle soit extraordinaire ! Public.fr : Tu as trois enfants, quel type de papa es-tu ? Doc Gynéco : Je suis un papa assez cool, pas du tout à l’ancienne comme ont pu l’être mes parents avec moi. Mais l’idéal pour un artiste, c’est d’adopter, c’est son devoir d’aider un enfant. J’adorerais faire ça. Propos recuillis par Sébastien Olland.

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