DR

Vous n’avez pas d’enfant. Comment avez-vous fait pour vous projeter dans la peau d’un père inconsolable dont la fille a disparu depuis huit ans ?S’il y a un truc que je sais faire dans la vie, c’est être en empathie avec les autres. Très jeune, on m’a appris à me mettre à la place des autres. Ma mère était très fan de Jung et de sa psychologie, ça m’a poursuivi, cette idée que la résolution des conflits réside dans l’empathie. En tant qu’acteur, ça m’aide beaucoup. Je ne sais pas ce qu’est être parent, je n’ai pas d’enfant, mais je sais ce que c’est de se sentir seul et sans défense, de sentir le poids de la culpabilité.Avez-vous rencontré des parents à qui c’est arrivé ?Ca aurait été très irrespectueux de ma part de rencontrer des parents qui ont perdu un enfant, je n’aurais jamais pu faire ça, faire de leur souffrance un matériel de travail pour moi, une source d’inspiration. Mon frère travaille dans ce domaine. Il est policier, il fait à peu près la même chose que le personnage de Scott Speedsman dans le film, il bosse sur des meurtres mais aussi sur le trafic sexuel des enfants et la pédopornographie, donc on a beaucoup parlé ensemble.Depuis The Nines et maintenant Captives, on dirait que votre carrière prend un virage vraiment intéressant. Vous venez de déménager à New York, vous tournez avec Marjane Satrapi… Green Lantern a l’air bien loin. J’ai compris que les films, c’est d’abord un réalisateur et pas un acteur. Ca aurait dû me monter au cerveau plus tôt ! Maintenant je préfère rester chez moi et m’occuper de mes chiens plutôt que de travailler avec un réalisateur dont je n’admire pas le travail. J’ai tourné dans des films avec de trop gros budgets, il y avait trop d’argent, ce qui créé une dynamique étrange. En plus, ces films de studios n’ont pas du tout marché et sont estampillés « ECHEC ! ». Quand tu fais un film indépendant qui ne marche pas, au moins, tout le monde te fout la paix et on passe à autre chose.Au dernier classement de Forbes, vous étiez dans la liste des dix acteurs les moins rentables de 2013…Deux ans auparavant, j’étais parmi les plus rentables, l’année prochaine, je serai peut-être le dernier alors franchement, je m’en fous…La compétition à Cannes, c’est une consécration ?Oui, c’est une étape importante. Je suis venu ici à 18 ans avec un sac à dos, je logeais dans un petit hôtel, je voulais visiter le Sud de la France et rencontrer des filles ! Aujourd’hui, je suis dans un hôtel de luxe avec un room service, la vue sur la mer, et je porte un costard sur mesure !Interview Stéphanie LamomeCaptives d'Atom Egoyan avec Ryan Reynolds, Mireille Enos et Rosario Dawson sortira le 1er octobre prochain.  Voir aussi  La conférence de presse de CaptivesRyan Reynolds sauvé à CannesLa review de CaptivesAtom Egoyan : "Captives, c'est de l'art abstrait à côté de Prisoners !"