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Vince Vaughn fut (brièvement) un espoir du cinémaEn 1996, Jon Favreau embarque Vince Vaughn dans Swingers, comédie qu’il a écrite pour Doug Liman et dont il partage l’affiche avec lui. Gentiment mélancolique, ce film indé sur des acteurs célibataires au chômage connaît au joli succès et permet à Vaughn de faire remarquer sa belle gueule, son charisme et sa tchatche inépuisable. Il est dans Swingers le meilleur pote du héros (un acteur loser en pleine dépression après que sa copine l’a largué) qui s’est assigné pour mission quasi sacrée de lui rebooster le moral, lui faire reprendre confiance en lui et le remettre sur les rails. Ce qui requiert un certain pouvoir de persuasion – d’où son impressionnante et un peu flippante logorrhée.   Un don de persuasion par épuisement de la parole qui, au passage, n’est pas sans rappeler celui de Matthew McConaughey, qui lui, en 1996, lançait beaucoup de promesses (longtemps non tenues) grâce à Lone Star.Vince Vaughn débarque donc dans le paysage en tête d’affiche d’une comédie indé quasi culte - celle qui obsède Christopher Moltisanti lorsqu’il rencontre Jon Favreau dans un épisode des Soprano. Qui lui vaut d’être embauché par Steven Spielberg dans Le Monde perdu, pour un rôle certes secondaire mais qui lui offre l’exposition mondiale que l’on connaît. Dans la foulée et dans un tout autre registre, Gus Van Sant le choisit pour rejouer Norman Bates dans son remake obsessionnel de Psychose. Quand on vous dit qu’il est flippant… Après ? C’est là que (déjà), ça se complique. Un remake de Force Majeure (de Pierre Jolivet), The Cell avec Jennifer Lopez, la première réalisation de son copain Favreau (avant Iron Man fut Made, comédie de gangsters ordinaire). Il va mettre six ans à retrouver sa voie.Vince Vaughn est singulièrement drôleIl la trouvera en 2003 grâce au délirant Retour à la fac de Todd Phillips dans lequel trois trentenaires (lui, Will Ferrell et Luke Wilson) veulent à tout prix revivre leurs années fac. Sa (haute) taille, sa carrure, ses « crazy eyes » toujours fixes et exorbités et son débit constant le singularisent dans la bande du Frat Pack à laquelle le film de Todd Phillips le raccroche pour de bon. S’il n’en est pas le membre le plus éminent (il y aussi Ben Stiller, Will Ferrell, Steve Carell, les frères Wilson…), il s’y distingue par une énergie comique toujours à la limite d’être inquiétante. En tous cas différente, comme l’est son engagement politique : contrairement à une écrasante majorité à Hollywood, et encore plus dans cette génération de comiques, Vince Vaughn est un conservateur libertarien qui affiche son soutien pour les candidats républicains les plus durs, de ceux (comme Ron Paul) qui se positionnent contre à peu près tout (l’état, les impôts, la sécu) sauf la peine de mort et le port d’arme.Mais revenons au cinéma : après Retour à la fac, l’acteur enchaîne avec ce qui se fait de mieux dans la comédie US de l’époque : Présentateur Vedette, DodgeballSerial noceurs et son duo de crasheurs de mariage avec Owen Wilson, qui représente l’acmé de sa période fast et un nouveau terrain de jeu pour son énergie folle (sa folie énergique ?) Puis c’est la descente. La Rupture, Frère Noël, Thérapie de couple… Après avoir été une figure singulière du meilleur de la comédie mainstream, Vince Vaughn bascule dans ce qu’elle produit de plus insipide. Par mauvais choix, par détachement, il végète à l’affiche de films oubliables où il est constamment pris en flagrant délit d’ennui. Il s’épaissit, creuse ses cernes et sa beaufitude, et quand il tente de revenir aux fondamentaux dans ce qui aurait dû être un Serial noceurs bis, il se plante (y compris au box office) dans Les Stagiaires.Vince Vaughn ressemble à son personnage de True DetectiveIl faudra juger sur pièce, mais Vaughn a été casté dans la série de Nic Pizzolatto non pas pour jouer un flic mais un gangster. Un mafieux habitué à l’argent facile et qui, au mitan de sa vie, a un sursaut d’instinct vital et décide de faire enfin quelque chose de légal et légitime – volonté mise à mal par le meurtre d’un de ses complices. De là à y déceler une métaphore de la carrière de Vince Vaughn, il n’y a qu’un pas. Ce rôle de criminel en crise à l’empire vacillant est en tous cas de loin le projet le plus intéressant de l’acteur depuis presque dix ans. Et l’un des plus convoités du moment.Vanina Arrighi de CasanovaLire aussi Colin Farrell : bientôt la renaissance grâce à True DetectiveRachel McAdams rejoint True DetectiveTout ce que l'on sait de True Detective saison 2