DR

Dans Dead Man Down, Colin Farrell incarne le bras droit d'un caïd Newyorkais lancé dans un trouble règlement de compte. Mâchoire serrée, intensité à fleur de peau, il est l'atout principal (avec Noomi Rapace) de ce thriller survolté. L'irlandais rappelle surtout que, bien dirigé, il est l'un des meilleurs acteurs de sa génération. Ce qui valait bien un retour en cinq étapes sur une filmo émaillée de chef-d'oeuvres.Par Pierre Lunn1/ Les chemins de la liberté de Peter Weir (2010)Comment ce gogo boy dublino-austral névrosé a pu devenir un acteur à ce point habité ? Et finir dans ce beau film d'aventure pédestre qui raconte la marche forcée d'un groupe de prisonniers russes en route vers la liberté ? Mystère. Ici, Colin Farrell incarne un voyou moscovite chatouilleux du couteau qui marche sur les chemins de la rédemption et réussit à mêler la dangerosité et la menace avec une intensité émotionnelle affolante. Marmoréen, électrique et puissant, Colin prouve qu'avec un bon script et un super directeur d'acteurs, il peut atteindre des sommets. Himalayens, forcément... 2/ Minority Report de Steven Spielberg (2002)Adapté de K. Dick, ce film de SF spielbergien vaut pour la performance de Tom Cruise, impérial et vulnérable. Mais face à lui, Colin vole le show. Dans le rôle de l'agent fédéral chargé de faire tomber le héros, Farrell, à peine sorti de son soap irlandais, affirme sa coolitude et surtout son ambiguité. La lueur de désir et d'ambition qui enflamme sa pupille à chaque plan explique en partie sa chute et l'arc de son personnage. Et la manière dont il tient tête à Cruise est réellement impressionnante. Réellement. 3/ Miami Vice de Michael Mann (2005)On le pensait abonné aux rôles de bad guy, mais Michael Mann lui donne le rôle d'un flic (certes borderline) dans Miami Vice. Après Don Johnson dans la série TV de Mann, c'est donc lui qui joue Sonny Crockett. Un rôle de flic mannien, puisque Farrell joue le héros translucide et obsédé, tout en négligé Fu Manchu et intensité dark. Sa présence, ses costumes, son agilité en font un personnage fascinant, l'alter ego de Tom Cruise dans Collateral ou de Pacino dans Heat. Le Miami bling bling a certes remplacé L.A. mais Farrell est convaincant en macho, plus sale que sexy, avec ce regard vulnérable de chien battu. Mine de rien, le Visconti du film d'action imprimait enfin à Farrell une autre dimension, plus spleenatique, plus douloureuse. Plus classe. Résultat ? Un four qui faillit bien mettre un terme à la carrière de Colin. 4/ Le Nouveau Monde de Terrence Malick (2006)On peut toujours se moquer de Colin Farrell, mais la liste des réalisateurs qui l'ont casté suffirait pourtant à le prendre au sérieux. Colin Farrell sera donc passé chez le Dieu Terrence Malick et Le Nouveau Monde représente forcément un sommet dans la carrière de l'Irlandais. Dans ce Pocahontas live, Malick observe la naissance d'une nation. Farrel est plus que convaincant dans le rôle de John Smith - ce colon tombé pour une princesse indienne. Son regard de Droopy en fait l'amoureux transit le plus crédible qui soit et Malick filme son héros comme il filme les paysages : Farrell est une pure surface qui réfléchit les sensations. Un héros tourmenté, déchiré, le visage triste et sévère, conscient de sa vulnérabilité et transi par l'amour. Tendu entre sa passion et sa conscience du mal qui se joue sur les rives de ce nouveau monde. Mine de rien, Farrell annonçait les personnages de Ben Affleck et Javier Bardem dans a la merveille... 5/ Alexandre de Oliver Stone (2004)En roi macédonien peroxydé, Colin Farrell surprend tout le monde. Dans ce peplum stonien, l'acteur enfile une jupette et part conquérir le monde. Entre le chanteur de french-disco 70's et le chef de guerre antique, Farrell incarne un Alexandre ambigu, manipulé, lisse et sauvage. Face à Angelina Jolie, il aurait du gagner une fois pour toutes ses galons de stars. Le four du film en décida autrement. Hollywood est décidément trop injuste. Ce clip montre l'implication de l'acteur dans ce rôle over-the-top.