Madame Claude
Netflix

Diffusé sur Netflix, le biopic de la mère maquerelle la plus célèbre de France manque de saveur.

La vie de Fernande Grudet, alias Madame Claude a quelque chose de fascinant. Surtout pour le cinéma. A partir de la fin des années 60, cette femme trouble tient un réseau de prostitution dans les quartiers chics, et s’appuie sur un listing de clients huppés qui appartenaient tous au Who’s Who (on parle de John F. Kennedy ou du patron de Fiat Giovanni Agnelli). On parle aussi des Trente Glorieuses. Les prostituées de son salon portaient les ongles laqués (comme ses portes) et travaillaient dans des appartements feutrés alourdis par des tentures et les tapisseries. Une forme de classe pompidolienne.

Mais son appartement cossu, dans la plus pure tradition du bordel, était un nid d’indics et d’informateurs grâce aux filles, aux clients… et aux gars du milieu. C’est précisément quand éclate l’affaire Markovic (un des gros scandales de la Vème) que commence le film, quand la petite boutique de Madame Claude se retrouve menacée. Après Just Jaeckin qui avait réalisé son biopic arty (et confié le rôle à Françoise Fabian) c’est Sylvie Verheyde qui raconte les dessous du bordel. Le film mélange le crime, le vice et le portrait de femme rebelle. C'est sans doute l'intérêt du film : insuffler un peu de romantisme féministe à la succès story de la mère maquerelle star. Mais à force de jouer sur tous les tableaux et de tous les clichés, de se reposer uniquement sur les décors et l’illustration, Madame Claude perd tout mystère. A l’image de cette voix off pesante qui écrase les images et les actrices. Karole Rocher compose une Madame Claude glaçante. Garance Marillier, impressionnante, est sa nouvelle recrue. Elles doivent se débattre un peu seules sans partition à jouer, à l'instar du prestigieux casting qui s’évapore dans les volutes de fumée des clubs de jazz…

Bref : c'est chic, moderne et un peu vain.