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Ça raconte quoi ? Ne pas se fier au titre : American Bluff (American Hustle en VO) n’est pas le grand film d’arnaque qu’on pourrait attendre, et on comprend vite que l’intrigue, exagérément complexe, est en réalité totalement secondaire. Basé en partie sur une histoire vraie, un scandale politico-judiciaire de la fin des années 1970, le nouveau film de David O. Russell s’intéresse surtout à ses personnages, soient un escroc et sa complice forcés par un agent du FBI arriviste de flirter avec la mafia pour faire tomber un homme politique soi-disant corrompu.

C’est avec qui ? Christian Bale (l’escroc), Amy Adams (la complice/maîtresse), Bradley Cooper (l’agent du FBI), Jeremy Renner (l’homme politique), Jennifer Lawrence (la femme de l’escroc), Robert De Niro (le mafieux), entre autres. Un casting surpeuplé dominé par la touchante et incandescente Amy Adams.

Nominations ? 10, ce qui le place en tête de tous les pronostics. Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice, meilleur acteur dans un second rôle, meilleure actrice dans un second rôle, meilleur scénario original, meilleurs décors, meilleurs costumes, meilleur montage.

Pourquoi fallait le voir ? Parce que, depuis Fighter et après une longue traversée du désert, David O. Russell a ressuscité en un des cinéastes américains les plus intéressants du moment. Avec Happiness Therapy l’année dernière, il obtenait 8 nominations pour une romcom et offrait l’Oscar de la meilleure actrice à Jennifer Lawrence, qu’il retrouve dans American Bluff - et qui n’est cette fois qu’au second plan d’un très beau tableau de personnages. Là est le cœur de son film, le portrait amoureux et émouvant de ces êtres en mal d’amour et de reconnaissance, qui traversent la vie en tentant désespérément de fuir la solitude et d’être aimés. Pour les acteurs qui les incarnent, tous au sommet, et particulièrement pour Amy Adams. Et parce que le film d’un type qui, en 2014, est « pour l’émerveillement, le romantisme », qui voit le cinéma comme « un antidépresseur » et veut « qu’il y ait beaucoup d’amour » dans ces films, on a un peu envie de l’aimer aussi.

Ça repart avec quoi ? Le jeu des pronostics est cette année compliqué par le fait qu’il s’agit d’une course à trois : 12 Years a Slave, Gravity et American Bluff ont chacun remporté un des prix qui prédisent traditionnellement le gagnant à l’Oscar. Le mystère reste donc entier sur le lauréat de la catégorie reine. Côté performance, Christian Bale n’a à peu près aucune chance face à Matthew McConaughey (Dallas Buyers Club), et Amy Adams en a peu face à Cate Blanchett (Blue Jasmine) – elles étaient les deux gagnantes des Golden Globes, chacune dans leur catégorie, mais l’actrice de Woody Allen vient de remporter le Bafta à Londres. Un Bafta raflé par Jennifer Lawrence qui, après son Golden Globe (et l’Oscar l’année dernière), est à peu près assurée de remporter l’Oscar du meilleur second rôle. Côté quasi certitude, Eric Singer et David O. Russell devraient être distingués pour le meilleur scénario original et Michael Wilkinson pour les costumes (le film est un défilé de mode 70’s). Au total, American Bluff pourrait repartir avec 4 Oscars le 2 mars prochain.

Vanina Arrighi de Casanova

 

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