Michel Gondry Annecy
Festival d'Annecy/G. Piel

Le réalisateur a reçu un Cristal d’honneur et s’est livré sur son rapport à l’animation.

Annecy, c’est parti. Après Wes Anderson l’année dernière, c’est Michel Gondry que le Festival international du film d’animation d’Annecy a décidé de mettre à l’honneur. Après avoir reçu un prestigieux Cristal (remis par son propre frère également collaborateur proche, venu par surprise), le réalisateur a échangé sur carrière durant 1 h 30 avec le journaliste Didier Allouch. L’animation était évidemment au coeur de cet entretien très « gondryesque », à la fois bourré d’anecdotes passionnantes sur la création de ses clips et longs-métrages… et parfaitement chaotique (Gondry n’arrêtait pas de couper notre confrère pour préciser sa pensée sur la questions précédente !).

On a notamment appris qu’enfant, le cinéaste était fan de Colargol et Chapi Chapo, mais surtout pas de Barapapa qui dans son « esprit était pour les bébés. Mais le plus cauchemardesque c’était Babar, les premiers, en noir et blanc avec des acteurs dans des costumes. » Il a également avoué préférer le côté artisanal et bricolé de son animation (faite en stop motion et en découpages) plutôt que de se lancer dans la 3D : « Ça me fait un peu suer. En plus Photoshop change à chaque version. Y a un truc qui s’appelle la mémoire musculaire, les gars ! On ne peut pas changer comme ça. Et pour moi c’est un gros frein à l’image de synthèse. Par ailleurs, je n’ai pas envie de travailler avec des gens à qui je vais donner ma vision et qui vont prendre douze jours pour produire quelque chose qui ne me convient pas. Le processus est trop long. »

Michel Gondry a évoqué ses expériences parfois douloureuses sur de grosses productions américaines et le manque de considération des producteurs : « Au début, on vous vénère. Et puis en fait on a rapidement l’impression de n’avoir que de mauvaises idées… J’ai eu la sensation d’être un gamin : il est 23 h, on n’est pas encore couché et personne ne vous écoute. »

Sur Eternal Sunshine of the Spotless Mind, dont il explique le succès et la qualité par « un ensemble de choses qui ont convergé », il avoue avoir « du mal » à regarder le film « car il correspond à un moment de ma vie où j’étais dans une rupture amoureuse. »

Le soir, réalisatrice Joanna Quinn a également reçu un Cristal d’honneur et - changement notable - la cérémonie d’ouverture n’a pas été suivie de la projection d’un long-métrage mais de cinq cours, dont le très joli La Jeune fille qui pleurait des perles de Chris Lavis et Maciek Szczerbowski (magnifique animation en stop motion) et le très décevant Star Wars : Visions « Black » de Shinya Ohira.