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« Après Le Ruban blanc, c’est la deuxième Golden Globe du meilleur film en langue étrangère que je reçois. J’en suis d’autant plus fier que Le Ruban blanc représentait l’Allemagne, alors que Amour concourait sous les couleurs de l’Autriche, qui décroche ainsi un Golden Globe pour la première fois. Maintenant, je suis bien placé pour savoir que, même si on dit que les Golden Globes annoncent le palmarès des Oscars, il n’y a rien d’automatique. J’aurais bien aimé avoir l’Oscar pour Le Ruban blanc, mais il a été donné à un autre.

Emmanuelle Riva

Par rapport aux Oscars, ce qui est très inhabituel, c’est qu’un film en langue étrangère obtienne cinq nominations. J’étais assez confiant sur la nomination du meilleur film en langue étrangère et, comme j’avais lu la presse américaine à la sortie de mon film, j’espérais pour Emmanuelle Riva. Mais rien n’était sûr et même mon distributeur américain, qui a beaucoup travaillé pour qu’un maximum de personnes puissent voir le film avant le vote, a été agréablement surpris. Après, est-ce qu’on va gagner des prix ? Laissons-nous surprendre, comme j’aime le répéter. Ce qui serait formidable, ce serait que Emmanuelle soit sacrée meilleure actrice. D’autant que la date de remise des Oscars correspond exactement au jour de son quatre-vingt-sixième anniversaire.

Tarantino et Schwarzenegger

Je ne connais pas vraiment l’image de mon cinéma en Amérique. Je sais juste que mes films ont été beaucoup vus par les gens de la profession qui m’en parlent souvent. Le Ruban blanc et Amour, bien sûr, mais aussi Caché. Le soir des Golden Globes, Tarantino est d’ailleurs venu me raconter qu’il avait imaginé ce qu’il serait advenu si les deux enfants du film étaient devenus amis. Bon, Tarantino a une telle connaissance encyclopédique du cinéma que ça ne veut rien dire. Mais c’est vrai que, à ce jour, Caché a été mon plus grand succès en Amérique. Au point que Ron Howard a un temps songé à en tourner un remake. En Autriche, tous ces prix américains pour Amour sont très bien accueillis. Mais c’est toujours comme ça lorsqu’on obtient un succès international. Ce qui était amusant aux Golden Globes, c’est que j’ai reçu mon prix des mains d’un autre Autrichien : Arnold Schwarzenegger. Je n’ai pas pu lui parler après parce qu’il était déjà reparti, mais sur la scène, il m’a accueilli en allemand avec un salut autrichien.

Et les César alors ?

On parle beaucoup de ces Oscars, mais je suis très curieux de savoir comment ça va se passer aux César. J’y ai souvent eu des nominations, mais jamais de prix. Cette année, j’espère qu’au moins, Jean-Louis (Trintignant) et Emmanuelle seront récompensés. »

Propos recueillis par Philippe Rouyer