Black Panther
Marvel

L'industrie des films de super-héros ne fait pas de cadeaux aux petites mains responsables des VFX.

Ce n’est un secret pour personne, les studios Marvel utilisent une sacrée dose d’effets spéciaux dans leurs productions, même pour les scènes qui n’en auraient pas besoin. En contrepartie : les artistes VFX employés sont surchargés et leurs conditions de travail horribles. Dans un article de Vulture, Chris Lee, un de ces spécialistes des effets visuels, témoigne et dénonce ce qu’il a subi en travaillant pour le géant du cinéma : « Quand j’ai travaillé sur un de ces films, ça a duré pratiquement six mois à temps complet. Je travaillais sept jours sur sept et je cumulais 64h de travail les bonnes semaines. » 

Plusieurs raisons sont à l’origine de cette situation. Au vu du nombre de films et de séries qui sortent à l’année chez Marvel (une quinzaine de projets est officiellement prévue jusqu'à 2025), Disney est devenu un client incontournable pour l'industrie des VFX. Chaque société d’effets spéciaux se plie en quatre pour fournir le meilleur résultat possible, au risque d’être mis de côté lors des prochaines productions. Pourtant, ce ne sont pas les contrats qui leur rapportent le plus : « Pour obtenir un contrat, […] les sociétés proposent des prix légèrement inférieurs à ceux des offres. Avec Marvel, elles sont généralement très basses, ce qui est à leur avantage car ils font des économies ». 

Et ce qui crée un trou dans le budget, se répercute forcément sur les équipes. « Là où j’aurais habituellement une équipe de 10 artistes VFX pour un film qui n’est pas Marvel, on sera deux dont moi pour un Marvel. Donc chacun doit produire bien plus qu’il ne le peut ». Et Marvel Studios a en prime l'habitude de demander beaucoup de modifications. « Certains de ces changements sont très importants. Parfois un mois ou deux avant la sortie, Marvel va nous demander de modifier tout le troisième acte, ce qui crée des délais d’exécution très courts. Une société n’avait pas pu terminer à temps les reshoots qui lui avaient été demandés, Marvel a donc finalement confié le travail à mon studio. Depuis, cette société a été blacklistée ». Très à cheval sur le calendrier des sorties, l’entreprise est impartiale sur les délais accordés, rendant la situation invivable pour les artistes : « Certains de mes collègues, qui travaillaient à côté de moi, se décomposaient et fondaient en larmes. J’ai vu des gens faire des crises d’angoisse au téléphone ». 

Pour Chris Lee, le fond du problème se trouve dans l’incompréhension de ce qu’est la VFX. Les réalisateurs demandent souvent des images lisses et finalisées pour visualiser l’avancée des effets : « Les réalisateurs ne savent pas comment regarder les images brutes de début de projet pour ensuite prendre des décisions. Mais c’est ainsi que ça fonctionne. On ne peut pas montrer quelque chose de joli si les bases sont encore en construction. […] Marvel doit habituer les réalisateurs à travailler avec des effets spéciaux pour qu’ils aient une meilleure vision de ce qu’il se passe. […] L’autre point concerne la syndicalisation. Il y a un mouvement qui se met en place, et ça aiderait les sociétés à ne pas prendre de contrats sans tenir compte des conséquences. Parce que, la plupart du temps, on travaille sur une série Marvel pour pas cher juste parce que c’est cool ».  

Marvel face au souci des effets spéciaux : sous pression, les artistes VFX poussent un coup de gueule