Blade Runner 2049
Sony

Attention, spoilers ! Denis Villeneuve explique comment Joi et Mariette ont pu fusionner.

En décembre 2017, Indiewire publiait un article consacré à la création de Joi, incarnée par Ana de Armas dans Blade Runner 2049, rediffusé sur TMC, ce soir. Attention, il est réservé aux lecteurs qui ont vu le film, car il détaille précisément quelques scènes clés.

Non, Blade Runner 2049 n’est pas sexiste

John Nelson, le superviseur des effets spéciaux du film, explique que la priorité de Denis Villeneuve et de son équipe était de créer une femme qui ait l'air tour à tour réaliste et artificielle, en fonction de l'état émotionnel de K (Ryan Gosling). Car il devait être évident pour le spectateur que Joi est plus qu'un hologramme crée pour le plaisir, que sa présence, sa "réalité", sont très importantes pour K. Pour cela, ils ont testé plusieurs techniques. "Joy est un volume, une projection. On a d'abord regardé du côté des simples hologrammes, mais ça ne sous allait pas. On cherchait quelque chose de plus subtil, et de plus cool aussi. On a alors imaginé un effet de transparence à 360 degrés, on a essayé de l'adapter à son visage, puis à partir de la performance de la comédienne, on a finalement choisi de nous concentrer sur un autre type de transparence (la "back transparency", en vo) qui permettait de voir à travers elle."

Paul Lambert, employé de la boîte de création d'effets numériques Double Negative, précise ce concept : "L'idée, c'est qu'on doit voir d'abord l'arrière de son corps, avant de voir l'arrière plan. L'effet est visible seulement quand elle est mouvement. A ce moment-là, le spectateur sent qu'elle est comme une ombre en volume. C'est exactement ce qu'on voulait pour représenter ce concept d'un être à la fois réel et irréel."

Vidéo : comment Blade Runner 2049 a réussi cet effet spécial complètement fou

Le concepteur des effets visuels parle en fait ici de sa création lors des scènes à l'intérieur de l'appartement de K, mais la démarche était différente pour la créer sous la pluie et en véritable hologramme (photo ci-dessus). Pour la séquence sur le toit, ils ont accentué la transparence, on ajouté un effet humide et un tremblement. Et pour qu'elle apparaisse géante face au petit Joe, ils ont maquillé l'actrice en rose et ont créé cette lumière particulière grâce à un système d'écrans LED.

La séquence la plus difficile à concevoir était celle de la scène de sexe. Lorsque Joi fait appel à la prostituée Mariette (Mackenzie Davis) en espérant ainsi pouvoir avoir un contact physique avec K, les corps des deux femmes fusionnent, mais pas parfaitement, ce qui crée un drôle d'effet pour le spectateur.
Pour tourner ça, Denis Villeneuve a filmé la séquence en plusieurs fois, en se concentrant à chaque fois une comédienne, afin de les mélanger en post-production. "Une fois que Joe Walker (le monteur, ndlr) a fini son montage, on a vu ces quelques instants magiques où le regard des deux actrices s'alignait, explique Nelson. J'avais insisté pour que ce soit tourné séparément, et finalement, ça se synchronisait et c'était particulièrement frappant au niveau des yeux." "C'était tellement complexe, ajoute Lambert. On voulait préserver la performance d'Ana au maximum, sauf lors de ces plans où elles sont synchronisées, où tout ce mélange."

Le réalisateur conclut : "Je voulais qu'en se synchronisant, elles créent une troisième femme. Lors des tests, j'adorais le fait que ce troisième visage ait une présence érotique. Ce qui était intéressant aussi, c'est que dès qu'elles ne sont plus synchronisées, les deux femmes expliquent avoir ressenti deux expériences émotionnelles différentes. Elles ont accepté cette relation sexuelle pour différentes raisons, mais au final, elles étaient toutes liées à l'idée d'amour. La prostituée est touchée de façon délicate, elle ressent l'émotion de K, et, pour la première fois, Joi a l'impression d'être réelle."

Denis Villeneuve cherche à comprendre l’échec de Blade Runner 2049 au box-office

Bande-annonce de Blade Runner 2049 :

 


Blade Runner 2049 est Le Parrain 2 de la science-fiction [critique]