Fucking Kassovitz
StudioCanal

Le film de Mathieu Kassovitz revient ce soir sur CStar.

A l'occasion de la rediffusion ce soir à 21h de Babylon A.D. de Mathieu Kassovitz, Premiere.fr vous propose de découvrir le making of interdit et exceptionnel du film.Le cinéaste français - qui n'a pas la langue dans sa poche - s'y montre passionné, frustré, dégoûté, pour un making of absolument surréaliste à découvrir dès maintenant. 

 

 “I’m not Orson Welles, I’m not Steven Spielberg, I’m Fucking Mathiou Kassovitz”. Ainsi débute l’un des documentaires les plus dingues sur l’industrie hollywoodienne aperçu récemment. Reprenons : Fucking Kassovitz chronique depuis le début le ratage industriel et artistique de Babylon A.D., superproduction franco américaine de Kassovitz. Parti filmé un banal making of pour cette adaptation de Maurice Dantec, François Régis Jeanne est revenu avec 58 minutes ahurissantes qui expliquent comment, motivés pour signer un projet super ambitieux, Kasso et la Fox ont accouché d’une série B affligeante traversée par de rares fulgurances visuelles.  

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En voyant ce documentaire - dont ni La Fox, ni Canal n’ont voulu pour leurs DVD respectifs (on les comprend) - on découvre en fait le Lost in la Mancha de Kassovitz. Sauf qu'ici, le film existe. Mais pour le reste, c'est pareil. Fucking... restitue étape par étape les chausse-trappes, les erreurs d'aiguillage, les négligences, qui vont conduire Babylon au fond du ravin. Chaque épisode hésite entre drame et comédie. Figlarz et son bon sens  artistique (“Mathieu, des Smart dans le futur, ça craint, non ?”), Mélanie Thierry, bonne fée du projet (et seule chose à sauver du film) d’une lucidité implacable (“Quand on se retrouve à la tête d’un blockbuster, on peut pas faire comme si on faisait un court-métrage avec des potes”), Vin Diesel, tête de con du film, le cynisme des producteurs (ne ratez pas le début, absolument stupéfiant sur la logique des producteurs)... Tout est là.

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Au milieu de ce cirque, Kassovitz prend conscience rapidement de l'ampleur du désastre (il faut le voir maigrir à vue d’œil), mais ne parvient jamais à redresser la barre. Il était, au fond, la pire personne à caster pour un projet de cet envergure. Seul, abandonné par ceux qui doivent le soutenir, Kasso (s’)échoue. Entre ses visions de cinéaste et la réalité qu'il faut tordre, l'abîme se creuse et il devient la première victime du chaos. Qu'une des plus grosses co-productions récentes se retrouve suspendue au bon vouloir des fonds US (soit réglée par un réal de seconde équipe) et se fasse highjacker par Vin Diesel en dit long sur “l'artisanat” du cinéma.

L'un des bénéfices de Fucking Kassovitz, c'est finalement de parvenir à montrer concrètement qu'un film se construit entre pur bordel et sursauts de maîtrise. Rien que pour cette remise en cause de l'image du metteur en scène démiurge régnant sur son oeuvre, rien que pour le portrait en creux de Kassovitz (cinéaste génial qui est son propre ennemi), ce making of "interdit" est une date.

Bande-annonce de Babylon AD :