Au revoir les enfants de Louis Malle
D.R

Parmi la liste des films programmés sur la plateforme Mubi ce mois-ci, nous avons sélectionné trois films incontournables d’horizons différents.

Le cinéma d’auteur est souvent peu représenté, et enfoui sous les films populaires, sur les grandes plateformes de streaming. Sur MUBI, c’est tout le contraire. Le service de vidéo à la demande regorge de chefs-d’œuvre, des années 1950 à nous jours (de Jean-Luc Godard à Ingmar Bergman, en passant par Michael Mann et Andreï Tarkovksy). Et il est alimenté sans cesse : chaque jour un nouveau film arrive, et un autre disparait. 

MUBI s'est associé avec Première pour vous proposer de découvrir gratuitement son catalogue pendant 30 jours. Pour terminer de vous convaincre, voici une sélection trois chef-d'oeuvres arrivés en mars sur la plateforme.

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Mon Oncle d’Amérique d’Alain Resnais (1980)

Alain Resnais, décédé en 2014, aurait eu 100 ans cette année. La place qu’il occupe dans le cinéma français est insaisissable, tant l’auteur d’Hirsoshima mon amour, aura passé son temps à valser avec les figures imposées (comédie, drame, s.f...) Cinéaste expérimental, il n’a jamais laissé le public totalement dans le fossé, en témoigne le délirant succès d’On connait la chanson en 1997, fruit de sa collaboration avec le duo Bacri-Jaoui. Mon oncle d’Amérique, date, lui, de 1980. Il est le fruit d’une commande un peu bizarre que seul Resnais pouvait accepter. Et de fait, le biologiste Henri Labori fasciné par le travail d’Alain Resnais, « le seul cinéaste capable de filmer l’intériorité du cerveau humain », suggère alors son nom pour « mettre en scène » ses théories. Et ce qui devait n’être qu’un court-métrage plus ou moins scientifique se transforme en grand film sur le couple et les rapports de domination. Le scénario du film d’Alain Resnais déploie, en effet, un récit romanesque autour du destin plus ou moins croisé de trois personnages. Il y a Jean (Roger Pierre), un bourgeois bien mis et un tantinet hypocondriaque qui quitte femme et enfant, pour Janine (Nicole Garcia), issue d’un milieu modeste. Celle-ci intègre une grande entreprise, dont l’une des succursales est dirigée par René (Gérard Depardieu), un fils de paysan en pleine crise identitaire. Drôle, intrigant, subtil, scientifique. Mon oncle d’Amérique totalise 1 375 503 entrées à sa sortie en mai 1980. Un autre monde.


 

Au revoir les enfants de Louis Malle (1987)

Au revoir les enfants, c’est un Lion d'or vénitien, sept César et plus de trois millions d'entrées. Pour son grand retour au bercail après un long exil outre-Atlantique, Louis Malle n’a pas fait les choses à moitié. Le cinéaste avait quitté la France sur un malentendu autour de son film Lacombe Luciendix ans plus tôt. Ce film racontait l’itinéraire d'un jeune homme sans conviction dans la France occupée qui, déçu de ne pouvoir faire ses armes dans la Résistance, vire collabo. Certains intellectuels s’étaient déchirés au nom d'une mémoire souillée. Louis Malle avait pris ses cliques et ses clacs.  Ce retour peut s’appréhender comme une mise au point. Au revoir les enfants évoque la même période de l’Occupation mais sous un versant plus tragique et surtout autobiographique. A l’instar de Jean, l’un des deux protagonistes, Louis Malle a vu pendant le Seconde Guerre Mondiale, un de ses camarades de classe arrêté par la Gestapo puis déporté. Le scénario s’inspirerait également de la propre histoire de Gilles Jacob, l’ancien président du Festival de Cannes, caché dans un séminaire durant l’Occupation. Au revoir les enfants se concentre sur le récit d’une amitié blessée entre Julien et Jean. L’approche sobre de la mise en scène de Louis Malle n’empêche pas un final poignant.


 

Jar City de Balatazar Kormakur (2006)

Adapté d’un polar à succès, La Cité des Jarres d’Arnaldur Indrioason qui met en scène l’inspecteur Erlendeur Sveinsso, Jar City est un thriller poisseux et dérangeant qui valut à son réalisateur, Baltasar Kormakur une immédiate reconnaissance internationale en 2006. Le cinéaste islandais avait déjà fait un crochet par Hollywood, l’année précédente avec Crime City porté par Forest Whitaker. On, lui doit depuis Etat de choc avec Diane Kruger, Contrebande avec Mark Wahlberg ou encore, Everest dans lequel Jake Gyllenhaal cherchait à atteindre les sommets. Jar City débute comme une enquête à priori banale autour du meurte d’un vieux monsieur à Reykjavik. Elle entraîne bientôt l’inspecteur Erlendur au coeur d’un pays rongé de l’intérieur et traumatisé par le crime d’une enfant survenu  quarante ans plus tôt et qui pourrait avoir un lien direct avec le présent crime. Kormakur fait des paysages islandais, un théâtre en plein air où plane des fantômes. Stupeur et envoûtement.