Pourquoi y aller ? Voici un spectacle qu’on attendait avec impatience : il fait l’ouverture de la saison de l’Opéra Comique, il est mis en scène par l’une des vedettes de la Comédie Française, Denis Podalydès, et il réintroduit dans «sa » maison le compositeur André Messager qui l’avait dirigée, il y a de cela cent ans. Fortunio est une de ses œuvres majeures : la musique y épouse l’intrigue de manière légère, subtile, lumineuse et puissante. L’histoire est tirée du « Chandelier » d’Alfred de Musset : une jeune femme, Jacqueline, l’épouse d’un vieux notaire de province, se laisse séduire par Clavaroche, un officier fringant à la moustache rutilante. Pour détourner les soupçons du mari, l’amant choisit un « chandelier », celui qui tient la chandelle en la personne d’un jeune clerc, Fortunio. Mais le chandelier a une âme : il tombe fou amoureux de Jacqueline, et c’est malheureusement réciproque. Le plus : On comprend pourquoi Fortunio a séduit Podalydès : ce jeune homme assoiffé d’absolu et d’amour fou, ignorant des codes sociaux de la bourgeoisie de l’époque, a tout d’un héros romantique et décalé. Joseph Kaiser l’interprète et c’est un ténor bouleversant. Virginie Pochon, Jean-Marie Frémeau, Jean-Sébastien Bou forment un trio conjugal très convaincant.Au final : Dommage que l’Orchestre de Paris, dirigé par Louis Langrée, couvre parfois les voix. C’est vif, gracieux et pétillant de cocasserie et de romantisme échevelé, kitsch à souhait, monté comme un rêve burlesque. Les costumes sont signés Christian Lacroix, un amoureux de la scène. On rit mais on est aussi ému par les voix et ce personnage de Werther absolument pur.Opéra Comique jusqu’au 20 décembre >> plus d'infoscrédit photo : Elisabeth Carrecchio