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Parmi les nombreuses raisons d’aller voir le nouveau film de Sofia Coppola figure en bonne place la transformation d’Emma Watson. Depuis les premières images du film diffusées il y a quelques mois, tout le monde n’a d’yeux que pour les moues sexys de la jeune anglaise qui se déhanche. Quelques secondes de poll dance ont notamment  - et abusivement - électrisé les foules. Tout le monde s’attendait à voir rejouer la stratégie Stewart : faire oublier un rôle d’héroïne romantique à peine sexuée en se transformant immédiatement en vamp au regard insoutenable. La meilleure amie d’Harry Potter allait-elle donc devenir aussi sexy que la muse de Kerouac dans Sur la Route ? En réalité cette chorégraphie ne dure guère plus longtemps que l’extrait vu partout et la sexytude arrogante de Watson en mini-short est une fausse piste. Tout au long de The Bling Ring Watson apparait de moins en moins comme une icône sexuelle et de plus en plus comme le symbole d’une libération bien plus inquiétante et indéchiffrable : celle qui pousse jusqu’à l’absurde le goût du luxe et de la célébrité. Watson y est une cambrioleuse immature et groupie parmi d’autres (autre erreur à corriger : elle n’est pas et de loin le personnage principal du film, place qui incombe à la renversante Katie Chang). Elle prend tout ici et maintenant. Même pas cynique, juste libérée de toute amarre morale. Son regard est moins perçant que perdu, ses poses semblent moins là pour séduire que pour.. eh bien poser, sur Facebook notamment. Tout apparait et reste en surface. Une jeune femme qui ne grandit pas dans un monde où plus personne ne veut vieillir. « Los Angeles est une ville où il n’y a pas d’adulte » résume Sofia Coppola. Emma Watson est flippante dans ses moues d’enfant gâtée totalement étrangère aux affres de la morale à moins que celle-ci ne devienne monétisable en terme de notoriété, comme le prouve son étrange rédemption finale. Elle confiait au GQ british que ce rôle était à mille lieux de son éducation et sa morale de fille de la classe moyenne. Se libérer du poids de l’éducation familiale, voilà au moins un truc que fait tout vrai adulte…Daniel de Almeida         Review - The Bling Ring ne dépasse que rarement la simple coolitude