DR

De qui vous êtes-vous inspiré pour votre rôle ?Ca peut ressembler à une blague, mais Alejandro est l’avatar le plus proche de Shiner (mon personnage). Je porte ses vêtements, le même foulard, le même genre de veste de Sandiniste. Je crois que Shiner est autant un porte-parole d’Alejandro que n’importe quel autre personnage du film. S’il a des opinions, elles pourraient sortir de la bouche de Shiner. Autrement j’ai pensé à une ou deux personnes, mais je ne vous dirai pas qui.En tant qu’acteur, avez-vous besoin de l’approbation des autres ?Je crois que quand on fait ce métier, par définition, on espère que les gens vont réagir à ce qu’on fait. Mais avec le temps, et un peu de chance, on a moins peur de l’échec, on prend un peu plus de risques. Non seulement on est encouragé à expérimenter, mais on se rend compte que plaire n’est pas nécessairement un indicateur de succès. Je sais que j’ai fait des experiences cinématographiques intéressantes avec Fight Club, La 25e heure, ou American History X, qui n’ont pas été aimés. Je me souviens de la présentation de Fight Club ici à Venise, et il a été détesté. Et je me souviens de Brad me disant qu’il ne retrouverait jamais un rôle qui lui plairait autant de toute sa carrière. En fait, la mauvaise réception du film était révélatrice de sa substance. Que les gens l’aiment ou non n’avait pas d’importance. La façon dont il s’est par la suite infiltré dans la culture est un processus. Et d’une certaine façon, c’est plus gratifiant de ressentir ce lent processus de transformation d’une oeuvre jusqu’à ce qu’elle devienne une balise générationnelle. Mais cette expérience est riche d’enseignement. On apprend à faire la différence entre ce qui fait un succès et ce qui donne de la substance à un film. Le nombre d’entrées du premier week end ou les bonnes critiques ne sont pas des indicateurs de la valeur d’un film. De le savoir donne plus de confiance en soi et de distance par rapport à ce qui relève de la gratification immédiate.Propos recueillis par Gérard Delorme Lire aussi :Birdman est un éblouissant tour de forceInarritu : "Birdman, c'est presque un miracle"