Le 37ème Festival du cinéma américain de Deauville, vient de s'ouvrir avec ses films, ses stars et ses tapis rouge… Retrouvez les coulisses de cette 37e édition. Aujourd'hui, la pépite du festival, l'interview de Famke Janssen et où sont les stars.Météo du jourLundi 5 septembre, soleil voilé sur Deauville, et interview du réalisateur venu d'Alaska Andrew O. MacLean. Après son On The Ice, il avoue son désir de réaliser d’autres films, mais pas forcément dans cette région dont Sarah Palin n’est pas, selon lui, la meilleure ambassadrice. C’est son deuxième jour à Deauville, mais il n’a toujours pas vu les planches. On file profiter de l’éclaircie et on croise le jury Révélation en lunettes de soleil, sortant de la projection d’En secret, de la réalisatrice irano-américaine Maryam Keshavarz. Yelling to the Sky, de Victoria Mahoney, est diffusé dans l’après-midi. L’actrice principale, Zoë Kravitz (fille de), interprète Sweetness, une jeune ado qui tente d’échapper à l’environnement violent dans lequel elle évolue. Elle est brutalisée par son père, et par des filles du quartier qui la terrorisent (dont Gabourey Sidibe, connue pour son rôle dans Precious). Jusqu’au déclic, jusqu’au moment où elle décide de ne plus se faire marcher dessus. Elle change de look, de statut, sous les yeux de son père absent, perdu. Un film qui n’est pas à la hauteur de nos attentes malgré la bande-son pointue, saluée en off par un des membres du jury.Le coup de cœur Séance de rattrapage. Alors que le soleil brille, on pénètre dans la salle obscure du Casino pour aller voir Another Happy Day, du jeune Sam Levison, diffusé dimanche matin. Le film a fait sensation. Et pour cause. C’est un bijou. Un film brillant sur l’enfer familial, la filiation, les familles recomposées. Quand devient-on mère? Quand on met un enfant au monde ou quand on l’emmène tous les matins à l’école ? C’est autour de cette question universelle que vous s’affronter Lynn (Ellen Barkin), bouleversante, entre larmes aux yeux, colères et éclats de rire, et Patty, interprétée par Demi Moore. L’actrice est géniale en mère-pétasse à lunettes et sac bling-bling qui ne veut pas vieillir. En toile de fond le 11-Septembre, tout comme le réalisateur qui n’avait « que 16 ans quand c’est arrivé ». Après la tragédie, il raconte avoir vécu trois jours intenses où il s’est senti particulièrement connecté aux gens qu’il aimait, « trois jours avant que nos dirigeants ne montent les gens les uns contres les autres », explique-t-il en conférence de presse. Est-ce ce triste jour qui a donné à Sam Levinson son regard affûté sur le genre humain ? Il lui a en tout cas permis de réaliser Another Happy Day, qui est pour l’instant ce qu'on a vu de mieux à Deauville.Le public sous le charmeLundi soir, sur le tapis rouge, une journaliste télé est au bout du rouleau. « Mais y a personne dans ce festival ! ». On ne va pas revenir sur le refrain désormais connu : "les stars à Venise, les films à Deauville" mais elle regrette le temps où Matt Damon et Brad Pitt foulaient les planches. Au même moment, Famke Janssen apparaît, comme pour faire mentir la reporter. Les flashs crépitent. Les festivaliers découvrent ce soir Bringing up Bobby, son premier film en tant que réalisatrice. L’actrice néerlando-américaine descend le grand escalier de l’auditorium en robe noire, longue et ultra moulante. « Cette salle n’a pas été dessinée par une femme portant des talons hauts », lance-t-elle, en français, en arrivant sur scène (sans avoir trébuché). Famke Janssen séduit le public avec un discours sincère, drôle… et parfaitement trilingue (français, anglais et néerlandais). Ses remerciements s’éternisent, la présentatrice de la soirée s’impatiente. Elle expédie la traduction : « Merci à mes producteurs hollandais et ma belle-mère ». Le film raconte l’histoire d’Olive (Milla Jovovich), mère célibataire ukrainienne, débarquée aux Etats-Unis pour y vivre le rêve américain. Bringing up Bobby démarre comme un road-movie, Olive volant une voiture, son fils sous le bras, sur l’air de Proud Mary (bande originale chantée par Milla Jovovich). Apprêtée comme une pin-up des années 50, Olive rêve sa vie comme un film. Avec son fils Bobby, elle se prend pour Bonnie et Clyde. Mais l’Oklahoma ne ressemble pas à Hollywood. Et Olive doit affronter la réalité de plein fouet quand ses magouilles sont découvertes. Famke Janssen réalise un film attachant, inspiré par sa propre histoire d’immigrée aux Etats-Unis. Les couleurs saturées, les décors improbables, la BO désuète, recréent l’Amérique d’Olive, façon cartoon.Des mouettes et un flop Quatrième jour à Deauville. Sur les planches, seules les mouettes et une promeneuse de chiens résistent encore à la pluie battante. Le tapis rouge est détrempé. On court se mettre au chaud à la projection de Jess + Moss. C’est le premier long métrage de Clay Jeter, 27 ans. Le portrait de deux ados désœuvrés, Jess, grande bringue de 18 ans, et son petit cousin Moss, 12 ans, dans un coin perdu du Sud des Etats-Unis. Ils passent leurs journées d’été à bidouiller dans une maison et une grange abandonnées. On comprend peu à peu leur histoire et celle de leur famille, par scénettes impressionnistes et flashbacks. Un film très poétique, hors du temps. Pour reproduire cette atmosphère douce-amère, le réalisateur a utilisé de vieux films 16 mm, qui créent une image grainée, délavée. Le public de Deauville n'est pas forcément sensible : sièges qui claquent, applaudissements timides... FlopUne bombe et un petit chien Direction une luxueuse villa (et son thé chaud bienvenu), pour rencontrer Famke Janssen. On croise dans le hall Victoria Mahoney (réalisatrice de Yelling to the Sky), crinière de lionne et micro-short malgré le déluge. Famke Janssen enchaîne les interviews depuis trois heures. Dans la pièce d’à côté, l’attendent patiemment son mari… et son chien, Réglisse. Le vieux boston terrier a droit à une papouille de sa maîtresse à chaque pause. Caroline BesseJulie Coste