Depuis combien de temps travaillez-vous sur Le Petit Prince ?Ca fait 9 ans qu’Aton (Soumache, co-producteur) et moi pensons au Petit Prince. Aton vient de l’animation, il a fait Renaissance et The Prodigies et sa connaissance des techniques, ses ambitions, ont été un plus dans le montage du projet. En fait, il y a 8 ans on a eu les droits pour l’adaptation, mais il nous a fallu 4 ans pour trouver la bonne personne.C’est-à-dire ?  Le livre en soi ne pouvait pas faire un film. On ne pouvait pas adapter l’histoire de Saint-Exupéry telle quelle. C’est trop court. Et elle a tellement nourri le fantasme des millions de lecteurs que ça aurait été comme un sacrilège... On a donc cherché - une idée, et quelqu’un pour la réaliser. Un jour, à Los Angeles, on m’a fait rencontrer Mark (Osborne). Il venait de finir Kung Fu Panda. Il connaissait le roman - sa femme lui avait offert quand ils se sont rencontrés, il avait 18 ans - et il savait précisément ce qu’il voulait. Sa philosophie était simple : il tenait à capturer l’esprit du roman. Il voulait transcrire cette phrase d’une simplicité géniale : “On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux”. C’est lui qui a eu cette idée brillante d’introduire le livre dans une nouvelle histoire.La rencontre entre la petite fille et l’aviateur ?  Oui, c’est elle qui prend en charge son récit…Et les passages en stop motion représentent quoi ?Ce sont les passages directement tirés du livre. En utilisant cette technique, on sublimait le roman de St Ex et on protégeait son récit. Mais c’est 15 minutes du film… C’est ce que la petite fille imagine des histoires à partir du livre.>> Voir la bande annonce du Petit Prince">>>> Voir la bande annonce du Petit PrinceL’idée de départ, c’était quoi ?On est parti d’un what if : et si l’aviateur n’avait jamais raconté son histoire ? Et si, bien plus âgé, il n’avait jamais mentionné le petit prince ? Et c’est là qu’intervient la fillette. C’est une idée de Mark.L’adaptation a été compliquée ?Très. C’est une propriété intellectuelle atypique. 140 millions d’exemplaires vendus dans le monde. Dont 120 qui ne sont pas en français. C’est la force de ce roman : son universalité. Et paradoxalement, on a tous un rapport intime avec ce livre. Comment respecter son universalité sans abîmer ce qu’on y projette ? L’animation permet ça. L’animation permet d’élargir les horizons, de s’adresser à tout le monde. Au-delà des pays, au-delà des âges et des cultures. Et elle permettait aussi de retrouver le trait de St Ex. C’était évident dès le début.Vous parliez de 4 ans de travailC’est exact : 4 ans où tout a changé des dizaines de fois. Où tout a été remis sur l’établi. On a travaillé avec les meilleurs dans chaque domaine : Bob Persichetti, Peter de Seve, Lou Romano ou Jason Boose. On a utilisé les process éprouvés par Pixar ou DreamWorks. Et le résultat est à la hauteur…. Une anecdote : quand on a commencé à parler du film, Mark m’a rappelé que c’était Welles qui le premier avait acheté les droit du livre. Il voulait donc reprendre le script de Welles pour son film - il avait même imaginé le carton du début : “un film de Mark Osborne, scénario Orson Welles”. Mais quand j’ai fait des recherches, on a découvert que la version de Welles était une simple adaptation avec sa voix en tant que narrateur. Rien d’autre. Mark avait tellement fantasmé à partir de cette histoire, avait tellement été obsédé par cette figure de Welles comme démiurge que ça a donné une idée essentielle du film….Et ce teaser ?Il vous plait ?Oui.Alors il est réussi. Il dit juste qu’on a pris le plus grand soin du livre. Il fallait rassurer les fans du livre et convaincre ceux qui ne le connaissent pas. Il fallait surtout montrer que, au-delà de la fidélité à l’esprit de Saint-Exupéry, Le Petit Prince sera un des grands rendez-vous de l’animation l’année prochaine.Interview Gaël GolhenLe Petit Prince de Mark Osborne avec les voix de Florence Foresti, Vincent Cassel, André Dussollier, Guillaume Gallienne sortira le 7 octobre 2015.