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C’est la sortie de la semaine. Brett Ratner revisite habilement le peplum avec son Hercule. De Dwayne Johnson aux costumes, des scènes d’action à la photo et au sous-texte, voici de quoi vous motiver pour aller voir Hercule dans ses œuvres. Antique, mais certainement pas en toc.La photo de Dante SpinottiDepuis longtemps Spinotti est associé à la photo lush et colorée de Michael Mann, ses grandes focales, ses extraordinaires séquences nocturnes, son grain particulier… Mais le chef op de Heat, du Dernier des Mohicans ou de Public Enemies est aussi le compagnon de Brett Ratner depuis des années. Ici, il sublime la Macédoine Antique et Hercule, offre des couleurs chatoyantes à ces nouvelles aventures et propose des plans qui ont la majesté des grands peintres pompiers (on pense à Gérôme notamment). Son travail en nuance (entre le peplum vintage et une recherche de réalisme), ses clairs-obscurs et ses effets de contre-jour impressionnants (les premières séquences) tirent vers le haut ce Peplum qui, visuellement, cherche à être la voie médiane entre Gladiator et 300.Les costumes de Jany TemimeLe point commun entre Bond, Harry Potter et Hercule ? Jany Temime, la plus grande costumière d’Hollywood qui rhabille les Thraces d’Hercule et sa bande de mercenaire. Jamais toc, les armures, les toges et les pallae sont magnifiques et Temime redonne du lustre à tout ce qu’on a pu voir jusqu’ici et à un genre qui, sur le plan du look, semblait made in China.Dwayne Johnson« J’étais né pour ce rôle » aurait dit The Rock à Ratner. Ca se voit. Il est évidemment très à l’aise dans les scènes de bataille, les moments où il se bat avec un tronc, contre le lion de Némée ou l’Hydre de Lerne, ses combats à mains nues ou armé d’une épée. Là, il est The Rock, funky, cool et impressionnant. Mais il est aussi saisissant dans les moments plus intenses et notamment dans LA séquence iconique du film. Enchaîné à un pilier, ébranlé par les propos d’Eurysthée, Hercule enchaîné, Hercule enragé, Hercule courroucé tire sur ses chaînes et se libère. Un cliché (de la littérature, de la peinture et du cinéma) réactualisé, revivifié par la mise en scène furieuse de Ratner, mais surtout par l’incarnation affolante de Dwayne Johnson. Dans cette scène-là (et à d’autres moments d’émotion équilibriste), il trouve la gravitas et la colère qui faisaient la force de l’interprétation de Russell Crowe en Maximus. Oui, Gladiator n’est pas loin.La bataille centraleLe film de Ratner est organisé autour d’une bataille assez longue. Elle oppose l’armée de Thrace menée par Hercule à des guerriers tatoués, fantomatiques, sortis de terre. Ratner choisit clairement une mise en scène classique (avec des clins d’œil au Ben Hur de Wyler) et refuse (contrairement aux peplums post-300) de passer l’action en speed motion ou slow motion préférant un (relatif) naturalisme qui rappelle Game of Thrones. Constamment viscéral, Ratner dans cette séquence donne l’impression d’avoir privilégié les sensations organiques pour nous plonger au cœur de la tourmente. Il utilise même quelques beaux plans de Dieux (la caméra dans le ciel observe l’action) très graphiques… Le résultat est une séquence qui garde constamment l’urgence et donne le sentiment que, comme Fabrice Del Dongo à Waterloo, Hercule est perdu au milieu des chars, des flèches et des combats. Précisément tout ce que les pixels et les CGI ne peuvent pas (toujours) apporter.Le scénarioOK. Brett Ratner n’est pas John Ford et Hercule n’est pas L’Homme qui tua Liberty Valance. Ryan J. Condal (à qui l’on doit le script de The Sixth Gun) et Evan Spiliotopoulos (auteur de… Cendrillon 3) ne sont ni Paul Veyne ni Michel Foucault (des structuralistes qui ont souvent répété que même la vérité est historique).  Pourtant, Hercule n’est pas un actioner décérébré. Le film s’interroge sur la valeur des mythes et leur pouvoir. Et si les mythes n’étaient que mensonges ? se demandent Ratner et ses scénaristes. Au-dessus de l’action plane constamment la question de savoir si Herc est oui ou non le fils de Zeus, mais également celle de la réalité de ses exploits. A-t-il vraiment massacré l’Hydre et flingué le Lion ? Est-ce que l’adoration que lui vouent les masses est légitime ? Dans un blockbuster estival, cette tension entre les faits et le mythe est assez audacieuse pour être soulignée. Print the legend ?Pierre LunnBande-annonce de Hercule, qui sort aujourd'hui au cinéma : Lire aussi :D'Arnold Schwarzenegger à Ryan Gosling : Hercule avant Dwayne JohnsonVIDEOS - Le best of de Dwayne Johnson, du Retour de la Momie à Hercule