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Huit ans après l’extraordinaire Magdalene Sisters,  Peter Mullan revient avec Neds, un film au fort parfum autobiographique sur l’enfance et la délinquance.PREMIÈRE : Les gangs, la violence, l’éducation ultra-répressive...  Neds, c’est votre histoire ?Peter Mullan : Je dirais que le film est à... 65% autobiographique. Soyons clairs : je n’ai jamais balancé une dalle sur la gueule d’un mec ou joué du couteau. Par rapport aux types que je fréquentais, j’étais un touriste !L’image du père - que vous incarnez - est particulièrement sombre. Ça sent le vécu...Mon père était bien pire. Encore plus alcoolique et surtout plus violent. J’avoue que le jouer à l’écran a agi comme une thérapie même si je ne savais pas trop comment m’y prendre au début. Mais quand deux collaboratrices se sont mises à hurler de peur pendant le tournage de la première scène, j’ai compris que j’étais sur la bonne voie...C’est votre troisième film sur l’enfance blessée. Ça vous obsède à ce point ?À l’origine, je voulais parler de la « knife culture », mais j’ai été rattrapé par mes souvenirs, et notamment l’incroyable sentiment d’injustice que je ressentais à l’époque. Neds, c’est l’histoire d’un gosse qui veut apprendre, qui veut se cultiver - comme on cultive un champ ou une terre - alors que tout, la société, l’école, conspire pour l’en empêcher.Vous mélangez la tragédie et l’humour. Je pense à la scène où le gamin “tue” Jésus...Putain ! Merci d’avoir compris que c’était une farce ! En Angleterre, cette scène a été l’objet d’une polémique insensée. On m’a d’abord reproché de filmer un blasphème. Puis on m’a dit que, venant du réalisme social, je n’avais pas le droit de tourner une scène pareille ! Pas le droit ? Mais raisonner comme ça, c’est ne rien comprendre au monde qui nous entoure. T’as déjà sniffé de la colle ? Le principal effet, c’est que tu ne fais plus la différence entre la réalité et les fantasmes. J’ai un copain qui, croyant voir des membres d’un gang ennemi, s’est battu contre un arbre et a fini avec les phalanges pétées... Alors j’aimerais bien que les critiques anglaises ne viennent pas me casser les couilles avec le soi-disant réalisme social !Interview Gaël GolhenNeds en DVD et blu-ray, sorti le 4 janvier