#MeToo à Cannes : "Nous veillerons à prendre la bonne décision au cas par cas"

Iris Knobloch, la présidente du 77e festival de Cannes, a fait le point juste avant l'ouverture, tout en annonçant la diffusion du film Moi aussi, de Judith Godrèche.

La semaine dernière, une rumeur a enflé au sujet d'accusations sexuelles autour de personnalités phares du cinéma français qui serait dévoilée dans un grand média dès l'ouverture du 77e festival de Cannes.

La veille de l'événement, la liste n'a pas été publiée, ce qui n'empêche pas les organisateurs de prendre très au sérieux la question. Le mouvement de libération de la parole des femmes, #MeToo, sera bien au cœur de l'événement, et ce dès mercredi, avec la projection d'un court-métrage de Judith Godrèche intitulé Moi aussi.

La comédienne phare de Ridicule et de L'Auberge espagnole explique dans le communiqué annonçant cette diffusion que c'est après avoir reçu de multiples témoignages de femmes suite à son discours fort des César, qu'elle a voulu filmer Moi aussi :

"Tout à coup, devant moi une foule de victimes, une réalité qui représente la France aussi, tant ces récits surgissent de toutes les origines sociales, de toutes les générations, confie Judith Godrèche. S’est alors posée la question de ce que j’allais en faire. Qu’est-ce qu’on fait quand on est submergée par ce qu’on entend, par la quantité de témoignages ?"

Le communiqué cannois poursuit : "Recomposant un paysage sonore et visuel intime, la réalisatrice signe un film en forme d’œuvre chorale composé de récits personnels énoncés par fragments et met en scène ce chemin âpre mais salvateur, de la douleur sans mots au début d’une libération par la parole. Un millier de personnes y participent. La musique, la danse, l’image, l’imaginaire leur offrent un espace aussi physique que symbolique : être ensemble, en pleine rue, en plein jour, et occuper la ville comme un geste militant."

Le festival a publié un communiqué pour faire savoir qu'ils souhaitaient "faire résonner ces témoignages" via cette diffusion, et Iris Knobloch, sa présidente, a profité d'une interview à Paris Match pour préciser ceci à propos de la vague #MeToo qui s'apprêterait à déferler sur la Croisette :

"Nous sommes extrêmement attentifs à ce qui se passe aujourd'hui, nous suivons la situation de près. Si le cas d'une personne mise en cause se présentait, nous veillerions à prendre la bonne décision au cas par cas, en concertation avec le conseil d'administration et les parties prenantes. Mais on évoquerait aussi l'oeuvre afin de voir ce qui est le mieux pour elle. C'est elle la vraie star."

Egalement interrogée sur la non-parité au sein de la sélection, dont seulement 4 des 22 films en lice pour la Palme d'or sont réalisés par des femmes, et 20% dans toute la compétition, elle dit ne pas vouloir instaurer de quotas, "à double tranchant", explique-t-elle : "Il ne faut pas installer un sentiment d'illégitimité pour une femme. On constate une très nette hausse de soumission de projets qui émanent de réalisatrices (...) Mais le Festival, lui, doit rester dans son rôle et ne se baser que sur la qualité du film."

On en saura sans doute plus dès cet après-midi, le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux, devant donner sa traditionnelle conférence de presse pré-événement.

Rappelons que c'est Greta Gerwig, à peine remise du succès fou de Barbie, qui présidera le jury principal. Le 77e festival de Cannes se déroulera du mardi 14 au samedi 24 mai 2024.