Toutes les critiques de Les Crimes de Snowtown

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    Les Crimes de Snowtown se termine par la révélation d’un fait divers qui a choqué les Australiens : la découverte, dans les années 90, de cadavres cachés dans des barils. Ce premier film, tourné sur les lieux des crimes, retrace l’affaire depuis son origine, produisant un effet particulièrement dérangeant dû au contraste entre la brutalité des meurtres et la banalité du décor. Comme dans Animal Kingdom, de David Michôd, le point de vue adopté est celui d’un jeune banlieusard traumatisé, désespérément en quête d’une famille solide. Peu à peu, la divulgation de son passé (il a été victime de viols répétés) éclaire les mécanismes tordus qui vont conduire un meneur à le transformer en assassin décérébré, comme s’il appartenait à une secte. On peut déplorer quelques longueurs, mais l’intensité de la mise en scène, qui suggère autant qu’elle montre, impressionne durablement.

Les critiques de la Presse

  1. Libération
    par Bruno Icher

    (...) le premier long-métrage de Justin Kurzel propose de respirer à pleins poumons les effluves toxiques d'une "histoire vraie", flirtant entre le documentaire crasseux et le film de genre bien saignant, pour atteindre l'objectif qu'il s'était fixé, à savoir les limites du soutenable. (...) Avec un soin maniaque, Kurzel a reconstruit la laideur repoussante des maisons : rideaux raides de nicotine et papiers peints crasseux, jardins qui ressemblent à des dépotoirs. Il a aussi réuni une galerie de portraits d'ivrognes, de mégères édentées et d'enfants à demi débiles. Le défilé de ces misérables modernes est tout sauf un motif exotique. Il est, au même titre que la série de meurtres, le symptôme d'un monde incurable.

  2. CinémaTeaser
    par Julien Munoz

    LES CRIMES DE SNOWTOWN, chronique impitoyablement neutre de l’un des faits divers les plus choquants de l’outback, où les images touristiques de kangourous, de surfeurs et d’aborigènes ne font clairement pas partie du décor. Ici, c’est banlieue redneck et meurtres collectifs en série. Bonjour l’ambiance, qui explore sans filet les méandres du mal et de la folie arbitraire, sans rien nous épargner des souffrances physiques et morales. Et même si quelques longueurs se font parfois sentir, Justin Kurzel signe là une œuvre forte dont il est difficile de se relever. Pour un peu, on serait tenté de tendre l’autre joue.

  3. Critikat.com
    par La (toute) jeune critique

    Dans une banlieue abandonnée d’Australie, Jamie vit avec sa mère et ses deux frères confronté à l’ennui, la violence et la pédophilie. Mais l’arrivée de John Bunting offre l’espoir d’une vie meilleure. Après quelque temps passé ensemble, Jamie découvre que celui qu’il considère déjà comme son père d’adoption est en fait un tueur en série…
    Inspiré de ce fait divers, Justin Kurzel a fabriqué Snowtown développant à la fois le thème de la relation père/fils et celle de la violence, nous manipulant de la même manière que John manipule Jamie. Nous plongeons dans un voyage au plus profond de nous-mêmes. Ce film d’une dureté incroyable est à éviter si vous êtes sensible car, ici, on ne craint pas la vue du sang et des viols ! Mais c’est par soucis de réalisme face à la société australienne que Kurzel met en œuvre tant de violence cruelle et immorale. La lumière sombre presque sournoise et la musique grave renforcent cet univers sans avenir tout comme cette caméra intimiste nous mettant au cœur de l’action à la limite du voyeurisme. Explorant la psychologie exceptionnelle de ses personnages, le réalisateur nous demande alors : Qu’est-ce qui est vraiment juste et acceptable ? C’est parce que John a sa morale personnelle, homophobe et psychopathe, qu’il cherche à transformer Jamie en un tueur vengeur. S’ensuit alors un rite initiatique insupportable subi par Jamie passant par le meurtre d’un ami puis de son frère et finalement d’un simple innocent. Nous partageons alors les mêmes dilemmes et souffrances que lui. C’est ici que le travail des acteurs entre en jeu. Lucas Pittaway (Jamie) et Daniel Henshall (John) sont simplement brillants nous emportant dans leurs tourments avec un réalisme à couper le souffle.
    Kurzel nous offre une expérience gênante voire traumatisante pour certains. Ce film est une œuvre majeure du cinéma australien développant la violence, la souffrance et la noirceur de cette Australie contemporaine. Snowtown, sans concessions, est une réussite même s’il est à la limite de l’acceptable en terme d’image.

    Vial-Pradel Robin,
    Lycée Honoré d’Estienne d’Orves,
    Nice.

  4. Critikat.com
    par La (toute) jeune critique

    Un serpent. Une souris. Un doux festin s’organise et c’est le spectateur qui, broyé dans Snowtown, découvre une catharsis en l’incarnation de John Bunting. Nous sommes d’emblée introduit dans un univers triste ; banlieue australienne, lieu où règnent à la fois misères sociales et violences. Jamie, adolescent de 16 ans tente de vivre une vie paisible avec sa mère et ses frères mais sa tranquillité se découd subitement avec l’arrivée d’un nouveau « père ».
    Snowtown, film fondé sur des faits réels, traite de plusieurs thèmes aujourd’hui très abordés, notamment dans cette 64ème édition du Festival de Cannes (souvenons-nous de films comme Michael ou même The Slut) : la violence et la pédophilie. Ainsi, en tentant de représenter le plus fidèlement possible un fait divers, Justin Kurzel, déjà présent à la Semaine de la Critique en 2005 pour son court-métrage Blue Tongue, impose au spectateur une image très crue et réelle de la violence et de la brutalité.
    Des couleurs ternes à l’image de l’espace, une caméra ne proposant aucune alternative à la barbarie et la cruauté imposées, telles sont les outils du réalisateur pour nous tenir au plus près des évènements. Les différents aspects techniques nous témoignent donc de la volonté de l’auteur de « toucher » la sensibilité du spectateur afin de faire passer un message dur et réel. Snowtown est donc un film qui questionne, tout à la fois les rapports humains mais également une des fonctions du cinéma : faut-il montrer, ou pas, le réel tel qu’il est ?
    Outre ces aspects intéressants d’un film dérangeant et innovant, Justin Kurzel nous montre quelques faiblesses quant à la structure même d’un récit « accidenté » ou d’un scénario quelque peu déstructuré. Ce « point faible » peut déranger la vision du spectateur tout au long de l’œuvre.
    Le film dérange de par la reflection qu’il propose du spectateur. Ce dernier voit sa haine la plus profonde (pour les criminels) se manifester et s’incarner en la personne de John Bunting. De fait, le film, de par l’effet qu’il produit sur son public, est une réussite. Par conséquent, nombreuses sont les personnes qui, au milieu du film, déroutées et gênées par une violence exacerbée ont quitté la salle.
    Snowtown incarne un cinéma qui serait une métaphore du bouclier avec lequel se protégeait Persée de Médusa : le reflet d’un réel insoutenable.

    Lycée Pablo Picasso, Perpignan
    Rémy Bastrios
    Romaric Siennat

  5. Télérama
    par Jérémie Couston

    C'est l'histoire de John Bunting, le plus grand serial killer d'Australie qui a sévi sans les années 1990. Le réalisateur excelle dans la description d'un prolétariat ravagé par l'alcoolisme et l'ignorance, incapable de résister à la persuasion et l'autorité de ce monstre sangui­naire. La tension et le malaise sont constants : hormis une scène de meurtre terrifiante, complaisante à force d'insistance, on ne perçoit les crimes que par bribes, leur minutieuse préparation ou les dégâts a posteriori : un trou à creuser, une bâche à scotcher, un sac d'outils ensanglantés, des bidons dont on imagine le contenu... Dans ce déluge de violence, au milieu des rues désertes de cette ville fantôme, l'humanité semble constamment en déliquescence.

  6. Rolling Stone
    par Mathilde Lorit

    Avec distance et violence brute, Justin Kurzel - dont c'est le premier long-métrage - retrace l'itinéraire de cet enfant tout sauf gâté, qui purge aujourd'hui une peine de vingt-six ans de prison. Le résultat est aussi impressionnant que perturbant, Kurzel s'arrêtant un cran avant la complaisance. Un conseil : dînez avant de voir le film...

  7. Critikat.com
    par La (toute) jeune critique

    Bienvenue à Snowtown, capitale du meurtre et de la pédophilie, où Jamie, 16 ans, subit abus, violence et leçons de crime, tout cela en gardant un calme extérieur anormal. Le spectateur, du même coup, reçoit cette éducation à la barbarie et assiste au massacre de plusieurs habitants du village. Et aussi bien que l'adolescent souillé, il ne supporte pas.
    L'univers de débauche installé est repoussant, inspire même la pitié, et reporte le contexte dans lequel le fait divers a eu lieu. L'image, grise et bleue, renvoie à la froideur des âmes; la musique, elle, accélère le rythme cardiaque, avec des intermèdes assimilables à un pouls essoufflé.
    Le quotidien est ainsi imprégné de cette brutalité à chaque fois justifiée, habitant aussi bien les hommes du village, que les femmes ou les enfants.
    Dans la première heure, la violence est suggérée : une certaine pression est installée par la minimisation de l'importance de la vie et par l'intériorisation de Jamie. L'action de tuer constitue en fait un jeu: « Trop drôle! je t'ai tué », et l'on s'amuse à table d'inventer des scénarios de torture. Lucas Pittaway, avec sa manière remarquable d'incarner la victime terrifiée, celle qui encaisse gentiment les « coups » sans ne jamais réagir, met en place la brutalité morale. Sa passivité devant la réduction en charogne de ses proches agace, et l'attente d'une réaction de sa part oblige à perdurer dans la salle, malgré l'insoutenable cruauté du film.
    La scène centrale marque la rupture entre violence subtile et violence dénudée, et fait basculer Les Crimes de Snowtown dans le genre de film horreur où la chair n'est plus que simplement évoquée mais clairement exploitée. La barbarie sans retenue, cumulée à l'expression horrifiée de Jamie, qui est en fait la nôtre, indispose et remue même. Tout ce sang était-il vraiment nécessaire ?
    Par ailleurs, l'initiation du garçon par John, son « beau-père », excède. L'idée de « tuer pour initier » ressort à de nombreuses reprises et la formation à la barbarie dérange: le spectateur s'énerve de ne pas pouvoir intervenir dans l'éducation révoltante des enfants.
    Finalement, la thèse des Crimes de Snowtown n'est autre que la reproduction sociale. A force de baigner dans cette mare de sang sur Snowtown, les habitants n'ont d'autre destin que celui de leurs proches.

    Salomé Chauveau
    Lycée Savary-de-Mauléon
    Les Sables d'Olonne

  8. A voir à lire
    par Frédéric Mignard

    Au final, Les crimes de Snowtown s’inscrit dans la lignée des thrillers mortifères et pathogènes qui marquent les esprits, de par leur audace et leur jusqu’au-boutisme. Toutefois, il rate l’excellence d’un Animal Kingdom en nous dévoyant à l’arrivée du drame social pour se concentrer sur l’aspect horrifique d’une situation insoutenable. Indéniablement l’oeuvre d’un réalisateur à suivre, qui devra toutefois apprendre à se contrôler pour pouvoir exploiter tous les talents dont il est visiblement capable.

  9. Nouvel Obs
    par Xavier Leherpeur

    Un adolescent fragile est entraîné par son beau-père dans une croisade sanglante. Une réflexion sur la domination mentale dont la violence est décuplée ici par une mise en scène exerçant sur le spectateur une emprise manipulatrice semblable à celle subie par le héros. Implacable, perturbant et remarquable.

  10. Critikat.com
    par La (toute) jeune critique

    John Bunting, un ami qui vous veut du bien ? Il semblerait que non. C’est de l’histoire de ce tueur en série australien que s’est fortement inspiré Justin Kurzel dans son premier long-métrage. En effet, Snowtown, se concentre sur la vie de Jamie, un jeune homme fragile et victime sexuelle, qui croise un jour la route du « charmant » John Bunting qu’il ne quittera plus.
    Un quartier délaissé, sale, agité, aux couleurs ternes et au décor de ferrailles, de crasse et de bibelots entassés. Des habitants débraillés, sans charme et sans âme. C’est dans cet environnement sordide que l’histoire commence d’ors et déjà teintée d’un malaise et d’une instabilité des personnages qui ne cessera pas. L’arrivée de John Bunting et de sa bonne humeur va, durant quelques instants, éclaircir ce tableau lugubre. Quelques instants seulement avant d’enfermer Jamie et l’ambiance du film dans les profondeurs de l’horreur. Attitude changeante, rictus permanent, John Bunting va entraîner l’adolescent dans ses délires sadiques et meurtriers, se rendant juge du monde qui l’entoure. Les paysages typiquement australiens bruts et infinis, les musiques percutantes, la convivialité tranquille du groupe de tueurs donnent une impression d’absence de contrôle, de perte de repères et de sens. Les scènes de torture filmées avec précision et impudeur sous le regard impénétrable du jeune Jamie rendent le spectacle inacceptable et insupportable au public.
    Une certaine imprécision autour des faits et des personnages peut cependant créer une confusion dans le suivi de l’histoire.
    Torture du spectateur, ce film nauséeux nous pose la question de sa raison d’être. Réaffirmer l’horreur de tels crimes ? Remettre en lumières les incertitudes qui entourent la conscience humaine ? Poser le jeune Jamie en victime de sa condition sociale?
    Ce qui reste sûr, c’est que la réalité du fait divers rend le malaise du spectateur aussi vif et ravageur que ses protagonistes, aujourd’hui emprisonnés.

    Manon Chauvel, Audrey Yaker. Lycée Clemenceau. Nantes

  11. Les Inrocks
    par Léo Soesanto

    Même dans son escale de la violence, le film paraît flotter - on en voudrait presque à Kurzel de filmer cette boucherie familiale sans même avoir l'air d'y toucher. "C'est la manière australienne", dit de ses forfaits le psychopathe en chef. Hum.