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Le Brésilien Karim Aïnouz, célébré notamment pour son fabuleux mélo La Vie invisible d’Euridice Gusmao (2019), change d’air et de braquet avec ce projet de prestige, tourné en anglais, avec stars au générique (Alicia Vikander, Jude Law) et sélection en compétition au Festival de Cannes. Mais ce qui faisait la singularité de son cinéma se dissout dans un film de facture passe-partout, plus formaté que véritablement porté par une vision d’auteur. Adapté d’un best-seller signé Elizabeth Fremantle, Le Jeu de la reine brosse le portrait de Catherine Parr, sixième et dernière femme d’Henri VIII, souverain à la réputation de Barbe-bleue anglais qui avait l’habitude de décapiter ses épouses. Parr est une reine éclairée, séduite par le protestantisme. Cet attrait pour la modernité va la faire passer pour une hérétique et mettre son existence en danger… Aïnouz envisage la relation entre Parr et son monstrueux époux comme un drame sur la violence domestique, à la lisière du huis-clos horrifique. Mais sa célébration de l’empowerment féminin, qui plaque sur la période un point de vue très contemporain, est au fond assez banale, et finit par dessiner les contours d’un nouvel académisme. Jude Law se charge d’assurer le spectacle en roi mourant d’une vilaine infection de la jambe, crado et libidineux, puant et vociférant, confirmant avec cette performance très divertissante la tournure bouffonne qu’est en train de prendre sa filmo, après son rôle de Capitaine Crochet dans le dernier Peter Pan. Mais même cette amusante prestation histrionique, au final, finit par sembler mécanique.