Toutes les critiques de Wildlife : une saison ardente

Les critiques de Première

  1. Première
    par Frédéric Foubert

    Il y a dix ans, à l’époque de Little Miss Sunshineet There will be blood, Paul Dano aurait sans doute pu tenir le rôle principal de Wildlife, celui de cet ado au teint pâlichon, qui regarde, interdit et anxieux, le mariage de ses parents se déliter sous ses yeux. Mais Dano a passé l’âge et c’est désormais lui qui dirige les acteurs post-adolescents prometteurs (en l’occurrence : Ed Oxenbould, le gamin de The Visit, de Shyamalan). Wildlife, son premier long, adapté d’un roman de Richard Ford, ressemble de prime abord à ce qu’on appelle un « film d’acteurs ». L’homme derrière la caméra en est un, et a composé méticuleusement, amoureusement, un écrin pour ses comédiens. Carey Mulligan et Jake Gyllenhaal s’ébrouent superbement en parents fatigués, amants désaxés, Américains très moyens prisonniers de chromos à la Norman Rockwell, d’une joliesse automnale étouffante. Wildlifeest un film obsédé par les couleurs déclinantes des fifties, croquant un minuscule bout d’Amérique aux rêves éteints, rendu plus rabougri encore par les majestueuses montagnes du Montana qui l’entourent. Sa langueur douce-amère le place à mi-chemin des films autobiographiques de Barry Levinson et des chroniques familiales de Kore-Eda. C’est un autoportrait de gamin rêveur qui aimerait quitter l’enfance pour de bon. À la fin, ça y est, le teenager au regard triste est devenu un homme et se demande à quoi la suite va ressembler. Nous aussi : on a très hâte de voir le prochain Paul Dano.