Toutes les critiques de Vers un avenir radieux

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thomas Baurez

    Nanni Moretti n’est pas vraiment ce qu’on pourrait qualifier de « vieux cinéaste », même si à (seulement) 69 ans, le maestro trône sur près d’un demi-siècle d’une carrière ininterrompue à la cohérence affolante. Ce nouvel opus invite à faire des bilans voire à boucler des boucles. Giovanni, le héros (campé par Moretti) est un cinéaste nostalgique qui croit encore à ses idéaux passés (le communisme rêveur et triomphant) et à son art (il ne se prive pas de donner des leçons à des jeunes écervelés). Giovanni est pourtant de plus en plus déconnecté avec un présent qui n’annonce rien de bon : sa femme productrice veut se barrer, sa fille s’embourgeoise et son producteur frenchy (Amalric aussi sautillant qu’agaçant) lui organise un rendez-vous ubuesque chez Netflix. Vers un avenir radieux peut se lire comme le contretype du dernier immense film de Moretti à ce jour, Mia Madre (2015).  Les rôles s’inversent, la muse Margherita Buy au centre de Mia Madre en réalisatrice confrontée au deuil de sa mère pouvait plus ou moins compter sur son frère (Moretti). Elle est aujourd’hui la femme plus très aimante évoluant dans l’ombre de son mari cinéaste envahissant. Un certain cynisme teinté d’ironie, a remplacé la gravité des sentiments. Si la vérité du réel est implacable, la fiction peut tout réenchanter. Nanni Moretti à l’image de son anti-héros - cabot, réac’ mais dont l’ironie grinçante sauve les apparences - sait toutefois que le temps est compté. La chair est triste hélas et on a vu tous les films.