Toutes les critiques de Sparring

Les critiques de Première

  1. Première
    par Christophe Narbonne

    Impossible de ne pas établir de liens entre le premier plan du film, qui suit Mathieu Kassovitz monter sur un ring, et le premier combat professionnel de celui-ci, en juin dernier. Son partenaire à l’écran, Souleymane M’Baye (ex-champion du monde WBA des super légers), n’est-il pas son mentor et entraîneur depuis le tournage ? La séquence où Tarek M’Barek (joué par M’Baye), en lice pour le championnat d’Europe, donne méchamment la leçon à Steve Landry (Kasso), son “sparring” (partenaire d’entraînement), peut ainsi se voir comme l’incipit de leur future collaboration. Au-delà de cette troublante analogie, Sparring est une double déclaration d’amour aux sports de combat, cette “école de la vie”, et au storytelling des films mythiques qui l’ont précédé, de Nous avons gagné ce soir à Rocky, en passant par Fat City : le héros fatigué est au soir de sa carrière, le quotidien est difficile à assurer, les à-côtés ne suffisent plus, la souffrance est autant physique que morale… Inscrite dans un réalisme loachien grisâtre un peu appuyé (Steve parviendra-t-il à offrir à sa fille le piano de ses rêves ?), l’histoire ne révolutionne pas le genre mais vise à l’authenticité, cette marotte de la production indépendante mondialisée. Elle y parvient en grande partie grâce à l’interprétation lasse de Mathieu Kassovitz, à son statut d’underdog du cinéma français qu’il insuffle à ce Steve, ivre de coups, brisé par les échecs, mais toujours debout.