Toutes les critiques de Simple comme Sylvain

Les critiques de Première

  1. Première

    Elle est professeure de philosophie à l’université. Il est ouvrier du bâtiment. Elle est mariée à un intellectuel. Lui, «sa blonde», comme il dit, c’est la chasse et la pêche. Lorsque Sophia et Sylvain se voient pour la première fois, elle est cette bourgeoise qui fait refaire sa résidence secondaire. Il est son menuisier. Leur rencontre fait des étincelles. Sophia tombe follement amoureuse, Sylvain aussi. Ils entament une relation adultère, qui devient officielle. Pour lui, elle plaque tout. Son mari, son appartement, sa réputation. Mais peut-on s’aimer vraiment lorsque l’on est si différents? Autour d’eux, le monde entier semble conspirer pour qu’ils ne finissent pas ensemble. Derrière le couple épanoui que forment Sophia et Sylvain, le poids de nos préjugés à tous. 

    Disons-le d’emblée, la question est vue et revue. Elle avait notamment occupé Lucas Belvaux dans son film Pas son genre - l’histoire d’une coiffeuse qui rencontre, elle aussi, un professeur de philosophie. Sauf que Monia Chokri, avec son humour qui décape, assume d’explorer un fantasme devenu un poncif. La mise en scène est volontairement kitsch, aussi kitsch que cette bourgeoise en quête d’exotisme. La réalisatrice égratigne volontairement son héroïne, qui corrige amoureusement les fautes de grammaire de son amant lorsqu’ils se disent des mots d’amour au téléphone. C’est drôle, très drôle. Aussi drôle que son génial et insolent premier film, La Femme de mon frère, dans lequel la réalisatrice se mettait elle-même en scène en trentenaire névrosée. Chez Monia Chokri, les névroses ont toujours du bon. 

    Emma Poesy