Toutes les critiques de Santa & Cie

Les critiques de Première

  1. Première
    par Elodie Bardinet

    Cinq ans après Sur la piste du Marsupilami, Alain Chabat revient en tant qu’acteur, scénariste et réalisateur de Santa et cie, un joli conte de Noël pour toute la famille. Loin de jouer la carte du cynisme, le créateur des comédies à succès Didier et Astérix et Obélix Mission Cléopâtre veut amuser et faire rêver les petits et les grands enfants avec cette histoire remplie de situations cocasses et de bons mots.

    Le renne des neiges
    Le film s’ouvre sur le monde magique du Père Noël, où Santa Claus vit avec sa femme (Audrey Tautou) et ses 92 000 lutins (tous incarnés par Louise Chabat et Bruno Sanchez). Ces petits bonhommes créent des millions de jouets, en préférant faire marcher leur imagination plutôt que de céder à la facilité du travail à la chaîne. Chabat ne manque pas de moyens et ça se voit : cette ouverture n’a rien à envier aux blockbusters hollywoodiens actuels. Le réalisateur a de quoi être fier de son équipe "made in France" chargée de créer les effets spéciaux, qui en met plein la vue à grand renfort de couleurs et (d’un peu trop) de numérique avant de basculer dans le monde réel. Car le jour où les lutins tombent tous malades, en "attrapant chaud" peu avant la livraison annuelle de cadeaux, Santa n’a d’autre choix que de descendre sur Terre pour leur dénicher des vitamines.
    Arrivé à Paris, c’est le choc ! Le Père Noël découvre que sa fête est devenue pleinement commerciale. Les hommes ne croient plus en lui, mais lui-même, que sait-il vraiment d’eux ? Et plus particulièrement des enfants ? Chabat prend alors un malin plaisir à dépeindre ce personnage à la fois tendre et totalement à côté de la plaque "dans la vraie vie", lui qui n’a jamais connu aucun problème dans son monde magique et n’a pas vraiment côtoyé de gamins non plus. Si bien qu’en découvrant le quotidien d’un couple et de leurs deux bambins, il peut multiplier les quiproquos.

    "Faut se sortir les doigts de la hotte !"
    On sent que c’est précisément ce décalage entre le mythe et la réalité qui intéresse Alain Chabat. Il s’en donne à cœur joie avec les jeux de mots (tout le lexique de Noël y passe), le comique de répétition, et surtout l’humour absurde né des situations cocasses. Sans oublier une poignée d’auto-références qui raviront les fans des Nuls. En tant qu’acteur, il s’amuse et ça se voit : plus candide que jamais, Chabat incarne un Père Noël très attachant et les acteurs qui l’entourent sont également inspirés. Golshifteh Farahani et Pio Marmaï forment un couple charmant, leurs enfants Tara Lugassy et Simon Aouizerate sont mignons à souhait, les trublions du Palmashow David Marsais et Grégoire Ludwig échangent les répliques les plus savoureuses du film et la courte apparition de Jean-Pierre Bacri en faux Père Noël, qui ne comprend pas pourquoi Santa est vert ("Tu bosses pour une marque bio ?"), est parfaite.

    Lâchez les rennes
    Santa... souffre cependant d’une petite baisse de régime en cours de route : la sous-intrigue des tours de magie du frère joué par Johann Dionnet fait perdre un peu de vue la quête des vitamines. On peut aussi tiquer sur quelques incohérences : Santa se vante de fabriquer des Monopoly, mais ne connaît pas le concept de l’argent ? Ne boudons pas notre plaisir, pour autant, car en parvenant à insuffler une bonne dose d’innocence à son film, Chabat fait un joli cadeau de Noël à son public. Santa & cie permet de passer un très bon moment en famille. Et si c’était ça, après tout, la définition de la magie de Noël ?