Toutes les critiques de Qui m'aime me suive

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Passer de la médecine au rock'n roll, c'est radical. Bienvenue dans la nouvelle vie de Max, marié, 35 ans, pas certain d'être heureux. Au programme de Qui m'aime me suive, grand chambardement, petits mensonges entre amis et amants, quelques notes de musique, pour nourrir un film touchant signé Benoit Cohen, mais malheureusement inégal.
    Max, 35 ans, brillant chef de service en clinique, fait le bonheur de son père, de sa mère, de sa femme. Il est loin le temps où, adolescent, il caressait le rêve d'une carrière de rockeur. Dans sa petite vie douillette, dorée, sans enfant, il s'en souvient pourtant. Et si ? Un patient plus chiant que les autres, un matin moins motivé, et Max pète un plomb. Il laisse tomber la blouse illico, le badge avec, et sort se saouler un bon coup. Rendez-vous dans un petit rade du quartier où, à la nuit tombée, s'allume un projecteur sur une scène minimaliste. Plantée dessus, une jeune femme. Brune, maquillée, guitare à la main et clope au bec, la gouaille d'une rockeuse, un prénom pas commun : Chine. Et voilà que tout change pour Max. Fini le médical, vive la musique. Même si, évidemment, chacun sait que ça n'est pas aussi simple que ça.Après Nos enfants chéris, où il explorait le cap de la trentaine (auquel il fait encore la part belle ici), Benoît Cohen s'attaque disons au sens de la vie. Entre le « Carpe Diem » et le « Va au bout de tes rêves d'enfant », il met une pincée de « Ne te laisse pas bouffer par le quotidien ». Universel s'il en est, ce thème touche tout le monde et c'est sans doute la principale force de cette comédie parfois dramatique. Si nous devions mourir demain, ne regretterait-on rien ? On s'interroge, nous aussi, dans notre fauteuil... Touché, Monsieur Cohen, touché. De fait, à l'écran, la question n'est pas mal traitée. Un brin de symbolisme : Max s'éloigne de l'hôpital, mais d'accouchement en infarctus, tout semble l'y rappeler. L'homme redevenu sauvage troque son scooter BM pour un tandem à l'ancienne. Une touche de cinéma : les plans serrés du début écrasent les perspectives, figurant efficacement l'étouffement cotonneux d'une vie trop rangée. Les séquences se répondent au fil du film, dessinant la traversée du protagoniste d'un univers à l'autre.Parasitages
    Malheureusement, la recette ne fonctionne pas en permanence. Quelques invraisemblances, un peu trop grosses, sautent aux yeux ça et là, deux trois coïncidences un peu trop poussées également. Lent et maladroit dans son premier tiers, Qui m'aime me suive peine à trouver son rythme, les personnages à se mettre en place, les dialogues à sonner juste. Si la candeur retrouvée de Max est nécessaire à son changement de vie, sa naïveté et son espoir aisément partagés, le scénario manque le coche des vraies angoisses, des doutes, des pragmatiques questions financières... Toutes choses pourtant centrales dans la problématique d'un changement de vie comme celui évoqué ici. Et si, au passage, le film porte un regard vif et juste sur le couple, transmettant quelques émotions fortes et quelques rires francs, on regrette par contre que le thème principal soit parasité par une pseudo amourette, trop attendue, dont on se serait aisément dispensé, avec en plus une rockeuse un poil clichée. Le film aurait gagné à se recentrer sur le chamboulement professionnel et son impact sur le couple existant, sans s'égarer dans un flirt superflu.Et la B.O. dans tout ça ? C'est Léonard Vindry qui s'y est collé. Ex-assistant réalisateur de Benoît Cohen, c'est lui qui a inspiré l'histoire de Max en plaquant tout pour se consacrer à la musique. Logiquement, il signe les chansons du film sous le pseudo LEO, et les interprète avec Chine (Eléonore Pourriat, co-scénariste et à l'affiche des deux précédents films du réalisateur, dont Les acteurs anonymes). Du rock français un peu brut, assez écrit, pas mal du tout, dont le CD sortira chez Labels, une division de Virgin. Parce qu'il faut bien dire, au final, que tout ça est affaire de bons potes. La même distribution se retrouve grosso modo depuis trois films, avec une nouvelle venue, Julie Depardieu. Fabuleuse en meilleure amie amoureuse, elle remporte la palme du casting, ex-aequo avec Romane Bohringer qui excelle à jouer les épouses volontaires. A tel point que, rien que pour elles et pour faire honneur au titre, ça vaut le coup d'y aller. « Qui m'aime me suive », à ce qu'il paraît.Qui m'aime me suive
    Un film de Benoît Cohen
    Avec : Mathieu Demy, Eléonore Pourriat, Romane Bohringer, Julie Depardieu...
    Sortie en salles : 5 juillet 2006[Illustrations : © Pyramide Distribution]
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    - Tags : en salle, acteur, réalisateur