Toutes les critiques de Mon Nom Est Tsotsi

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    Lorsque l'actualité aligne sans fin les guerres, les catastrophes et les massacres, il peut paraître bon que le cinéma apporte de l'espoir. C'est probablement pour ces bonnes intentions que le film a obtenu l'oscar du meilleur film étranger, beaucoup plus que pour ses qualités artistiques. Celles-ci sont loin d'être inexistantes, la plus évidente étant le comédien principal.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Un film venu d'Afrique du Sud, c'est assez rare pour piquer la curiosité. Mais Mon nom est Tsotsi, oscar du meilleur film étranger 2006, ne se réduit pas à cette seule caractéristique. Intelligent, finement écrit, il dresse le portrait d'un personnage dur et complexe qu'il sait rendre attachant. En route vers la rédemption, voie pavée d'embûches autant que de bonnes intentions.
    Son nom est Tsotsi. Gamin ou jeune homme sans âge. Tsotsi, ça veut dire « voyou » en Afrique du Sud. Le minimum sans doute pour se faire une place dans les bidonvilles de Johannesburg. Pas de nom, pas de passé, il a tout refoulé. Pas de conscience non plus, ou très peu. C'est un petit dur comme d'autres, Tsotsi, qui n'a pas demandé à le devenir, et qui se moque bien de la vie. Et puis un soir, il s'en prend à une femme de la banlieue riche, lui tire dessus, vole sa belle voiture sans jeter un oeil au siège arrière... et se retrouve avec un bébé sur les bras. On sait bien ça : dans la vie, un bébé, ça peut tout changer.Mon nom est Tsotsi ou comment dessiner pas à pas le chemin vers la rédemption. Partant d'un destin condamné à la base, le film s'interroge sur les motifs du mal et tente un retour à l'humanité. Personnage complexe, Tsotsi est violent, parfois sadique, mais son comportement s'explique par une enfance difficile. Ainsi le film s'attache à débusquer au sein des pires actes un reste d'humanité, pour mieux enclencher la machine en sens inverse. En route vers la compassion, vers l'estime de soi retrouvée, vers quelques touches de bonheur timide en forme de raisons de vivre. Le scénario se concentre intelligemment sur le passage progressif de l'auto-destruction à la reconstruction : après un meurtre, le retour à la vie se fait peu à peu, au rythme de la prise de conscience du personnage.Mis en face de l'innocence incarnée par le bébé kidnappé, c'est par contraste que sa propre culpabilité lui éclate au visage. Soudain responsable d'une vie, il se découvre autrement que dans la violence et au-delà de l'instant. Le choc est radical. Désormais, au chemin parcouru par Tsotsi depuis son enfance, répondent les possibles chemins ouverts à l'enfant récupéré. En fera-t-il un voyou comme lui ou le sauvera-t-il d'un destin similaire ? Ce questionnement sur les trajectoires humaines, sur le sens de toute vie, sur la « décence » dont chacun peut faire preuve, quelle que soit la dureté de son existence, nourrit solidement le film.Un portrait de l'après-apartheid
    Le réalisateur Gavin Hood, dont c'est le quatrième long métrage, évite l'écueil de la psychologie de bas étage et du discours surfait. Son propos découle simplement de l'attachement à son protagoniste. Toujours centrale, la personnalité de Tsotsi est fouillée scrupuleusement. Jamais caricaturale, riche de contradictions, elle est servie par la très belle interprétation du jeune Presley Chweneyagae qui parvient à susciter l'empathie. A l'écran, le rendu colle. Les plans larges font place à l'univers de misère du bidonville. Couleurs et détails emplissent les cadres composés, alternant avec les jeux de regards de manière à relier la nature profonde de Tsotsi à l'environnement dans lequel il évolue. Point crucial, bien que le film adapte un roman situé dans les années 1950 (Tsotsi d'Athol Fugard), l'Afrique du Sud se dessine ici dans l'après-apartheid. De nouvelles problématiques émergent et si les pauvres sont noirs, les riches aussi.Mon nom est Tsotsi donne ainsi à voir l'état actuel de l'Afrique du sud. Avec justesse, Il nous en offre un cliché sans fard et en argot local. Mais il ne dévie pas pour autant de son intrigue intimiste, qui s'accommode parfaitement d'un petit bonus : sa bande originale. Composée de morceaux de Kwaito, sorte de house version « townships », elle se révèle aussi emballante qu'appropriée.Mon nom est Tsotsi
    Un film de Gavin Hood
    Avec : Presley Chweneyagae, Mothusi Magano, Israel Makoe, Percy Matsemela
    Afrique du sud/ Grande Bretagne, 2006 - 94 mn
    Sortie en salles (France) : 19 juillet 2006[Illustrations : © MK2 Diffusion]
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    - Site officiel du film