Toutes les critiques de Madeleine

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Une jeune femme vit seule dans un appartement de banlieue. Chez elle, l'ordre impeccable des objets, la blancheur agressive des carrelages annoncent la rigueur, l'organisation, et une solitude que rien ne dérange. De ce fait, 1999 Madeleine raconte l'histoire à la fois tendre, émouvante et cruelle, de cette solitude.
    L'attention de Bouhnik se fixe sur le corps de Madeleine. Qu'est-ce qu'un corps solitaire ? Une présence paradoxale. Ici : la peau claire, la tête blonde de Véra Briole qui occupe magnifiquement tous les plans du film mais que les autres personnages ignorent.Entrez avec elle dans une intimité macroscopique, observant longuement sa bouche quand elle boit du café, la position de ses pieds quand elle est assise dans le bus, nous suivons Madeleine pas à pas. Elle rêve que son horoscope se réalise, elle part au travail, rentre, range, elle attend un prince charmant qui ne vient pas. Sa vie est sans histoire et ce manque est filmé par Bounhik avec une violence assassine.Une visite à sa mère donne à son isolement une dimension psychanalitique. Anouk Aimée dépressive, ne lui adresse pas un regard ni une parole. Nous restons pourtant extérieurs à cette interprétation qui adoucirait, en l'expliquant, le propos du film. Bouhnik tient à la rudesse des faits qui s'enchaînent sans autre logique que celle du désenchantement, il cogne son personnage aux parois d'une vie conforme et privée de chaleur, il élabore une oeuvre puissamment déprimante.Dans l'indifférence générale, Madeleine lutte pour ne pas disparaître mais il semble qu'elle ait désappris les gestes de la relation. Elle ne parvient à les faire que d'une façon maladroite, brutale, provoquant des désordres catastrophiques nécessaires à la vitalité grincante et à l'humour noir de ce film étrange.1999 madeleine
    Réalisé par Laurent Bouhnik
    France, 1999
    Durée 90 min
    Avec Vera Briole, Manuel Blanc, Anouk Aimée