Toutes les critiques de Love Hunters

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sylvestre Picard

    Le public français est privilégié dans sa découverte de Love Hunters, sans connaissance du contexte créatif du film (l'un des acteurs principaux est surtout connu pour son travail comique en Australie ; le film serait adapté d'une hisoire vraie), il pourra mieux se concentrer sur ce que le film propose en termes de cinéma : un étouffant huis clos au ralenti, qui étire désespérement la violence de sa situation jusqu'à l'explosion. Voilà donc un couple d'Australiens d'apparence banale, Evelyn et John, qui font la sortie des ycées pour attraper leurs proies. Des jeunes filles séquestrées, violées, torturées et tuées, dans l'indifférence d'un paysage de pavillons anonymes. Situant son film au milieu des années 80, Ben Young -qui s'est fait la main sur des séries télé- choisit d'emblée de marquer son esthétique avec son générique démesurément ralenti, une figure de style qui reviendra ponctuellement au long du métrage pour mieux jouer l'ellipse et la montée de l'angoisse pure face à l'horreur (les scènes de torture sont ainsi intelligemment placées hors champ, loin de tout voyeurisme gratuit).

    Les chiens d'Hécate
    La performance impeccable du trio -Emma Booth et Stephen Curry en tueurs terrifiants de normalité face à leur victime (Ashleigh Cummings) dont la transformation évoque celle d'Anya Taylor-Joy dans Split)- fournit à Love Hunters une dimension aussi mythologique que triviale. Dans sa version originale, le film s'appelle Hounds of Love au lieu de Love Hunters. Chasseurs d'amour, chiens de l'amour, des noms qui auraient pu être ceux de groupes New Wave des 80s (le climax se fait notamment et brillamment au son d'Atmosphere de Joy Division). Mais le chien est aussi celui l'animal sacrificiel d'Hécate, déesse de la lune, de la mort et des embranchement ; ce n'est pas innocent que Love Hunters, se retrouve effectivement placé sous cette triade de signes sombres. Le spectateur/victime est invité à décrypter ces signes pour ouvrir la porte des enfers ; et la découverte est aussi belle que terrifiante.